Qui sera le prochain président des États Unis ? Au Maroc, comme partout ailleurs dans le monde, les élections présidentielles américaines de novembre, qui détermineront la nouvelle politique extérieure des États Unis, ne laissent pas indifférent. Pour le royaume, la position du futur président des États Unis ou de son administration sur la question du Sahara ou des relations économiques peut s’avérer déterminante.
Qui donc de l’ex-première dame, amie proche du Maroc mais dont le parti n’est pas toujours favorable au royaume et de l’imprévisible magnat de l’immobilier dont le parti s’est toujours montré proche de la position marocaine, sera un atout pour le royaume ?
L’ex-première dame et ancienne secrétaire d’État Hillary Clinton est connue pour son amitié pour le Maroc et de ses liens cordiaux avec la monarchie marocaine. Un cliché qui montre une Hillary Clinton tout sourire, en compagnie du roi Mohammed VI, en atteste. Son élection à la tête de la première puissance mondiale serait une bonne nouvelle pour le Maroc, à en croire Brahim Fassi-Fihri, président du think tank Amadeus. Il en veut pour preuve « les quatre années qu’elle [Hillary Clinton NDLR] a passées à la tête du Département d’État ou en tant que chef de la diplomatie ». « Elle a soutenu et favorisé le Maroc sur un certain nombre de questions, notamment la question du Sahara où elle a réussi à contrercarrer un certain nombre de courants hostiles au niveau de son département et du Congrès américain où certains membres ont été ou sont hostiles au Maroc », nous explique-t-il.
Hillary Clinton, « assurance tous risques du Maroc »
Mais au moment où Rabat et Washington entretiennent des relations plutôt tendues sous la présidence d’Obama, président démocrate et soutien d’Hillary Clinton, le président l’Institut Amadeus est tout de même « convaincu qu’il y aura un changement de la politique américaine vis à vis du Maroc avec Hillary Clinton ».
« C’est depuis le départ d’Hillary Clinton du département d’État, que les relations entre le Maroc et les États-Unis ont connu des tensions », explique le président de l’Institut Amadeus. Il fait référence aux tensions ayant eu lieu entre les États-Unis et le Maroc en 2013, lorsque le pays de Barack Obama avait tenté d’inclure une mission de surveillance des droits de l’Homme au mandat de la Minurso. Une décision qui avait provoqué l’annulation provisoire de l’opération militaire américano-marocaine African Lion. Le dernier événement en date qui illustre la tension entre les deux pays est le rapport du département d’État sur les droits de l’homme, jugé scandaleux par le Maroc
« Si Hillary Clinton est élue présidente, elle entend reprendre la main sur les relations extérieures des États-Unis. Elle sera l’assurance tous risques du Maroc », avance Brahim Fassi-Fihri.
Mme Clinton peut également être un atout pour le royaume en ce qui concerne les relations économiques entre les deux pays, selon le président du think tank Amadeus. « C’est sous Hillary Clinton que les États -Unis et le Maroc ont signé un accord de coopération stratégique notamment sur les questions économiques », précise -t-il. Il est également convaincu que l’ex-première dame a « une connaissance précise du Maroc » et qu’elle regarde avec attention la stratégie africaine du Maroc. « Les États-Unis, qui ont clairement montré qu’ils sont de plus en plus intéressés par l’Afrique, peuvent utiliser le Maroc comme relais notamment sur les questions économiques pour s’installer en Afrique » analyse t-il.
« L’identité du secrétaire d’État sous Clinton », un facteur important
Ce point de vue est également partagé par Jeremy Gunn, professeur américain de droit et de sciences politiques à l’Université International de Rabat contacté par Telquel.ma. « Il est prudent de dire que les attitudes positives de Hillary Clinton envers le Maroc se refléteront dans la politique étrangère américaine envers le royaume ». Mais, prévient-il, « la question du Sahara ne joue pas un rôle de premier plan dans la politique étrangère des États-Unis ». Il ajoute, par ailleurs, que la politique américaine à l’égard du Maroc dans une administration Clinton dépendra de plusieurs facteurs importants : « l’identité de la personne qui sera le prochain secrétaire d’État, sa position ainsi que le degré d’activité de cette personne quand il s’agit d’aborder la question des partenariats stratégiques entre les deux pays » indique t-il. D’autres facteurs importants concernent aussi « les positions des sénateurs et des membres du Congrès, en particulier dans les commissions des affaires étrangères. N’oublions pas qu’il est également possible qu’un événement déclencheur puisse soulever une controverse sur la question du Sahara » ajoute Jeremy Gunn.
Le professeur des sciences politiques « ne croit pas » cependant que les attitudes et les positions actuelles du président Obama « auront des effets » sur la future politique des États-Unis, « peu importe le président élu ».
« Tout est possible avec Trump »
L’autre candidat qui pourrait être élu à la Maison blanche en novembre prochain est le truculent milliardaire Donald Trump. Que peut attendre le Maroc de ce dernier?
Il est important de rappeler la proximité entre le parti républicain et le royaume. Le président du think tank Amadeus, Brahim Fassi-Fihri, évoque par exemple la présidence de George W. Bush, expliquant que « sous le mandat de ce dernier, le Maroc a eu un statut d’allié majeur des États-Unis (hors OTAN), ainsi que sa première déclaration favorable à sa proposition d’autonomie pour le Sahara ».
Mais pour le professeur Jermy Gunn, la différence entre les républicains et les démocrates « n’est pas particulièrement importante en ce qui concerne le Sahara, et le fait que Donald Trump soit un républicain n’a aucun rapport avec ce qu’il pourrait ou non décider sur la question ». Pour le professeur, « Donald Trump est mal informé, imprévisible, un anti-musulman, et capable de dire et de faire des choses très extrêmes ». « Franchement, tout est possible avec Donald Trump », ajoute-t-il en concluant que « les Marocains, quelles que soient leurs croyances politiques, doivent préférer Hillary Clinton à Donald Trump ».
Brahim Fassi Fihri abonde dans le même sens, décrivant le magnat de l’immobilier comme « un électron libre qui a une indépendance forte par rapport au parti républicain », et qui peut réserver des surprises à ses alliés en cas de victoire. Il trouve toutefois que si Trump est élu à la présidence, les futures relations entre le Maroc et les États-Unis « dépendront de l’entourage qu’il réunira autour de lui, ce dernier ayant peu de connaissances sur le Maroc ».
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