Les survivants ont raconté que les preneurs d’otages avaient séparé les Bangladais des étrangers avant de se livrer à leur carnage qui a pris fin 11 heures plus tard avec l’intervention des forces de sécurité qui ont tué six assaillants.
Lors d’une intervention télévisée en soirée, la Première ministre Sheikh Hasina a exhorté les extrémistes à « cesser de tuer au nom de la religion » dans ce pays à majorité musulmane après cette attaque perpétrée à l’approche de l’Aïd-El-Fitr qui marque la fin du ramadan. Elle a annoncé deux jours de deuil national.
Cette prise d’otages d’une ampleur inédite au Bangladesh intervient après des mois de violences marquées par les meurtres d’intellectuels et de membres de minorités religieuses revendiqués par l’EI mais dont le gouvernement nie la présence dans le pays.
Risques jihadistes
Lors de leur intervention dans ce restaurant Holey Artisan Bakery très fréquenté par les étrangers et les diplomates, les forces de sécurité ont découvert une scène de massacre. « Nous avons retrouvé 20 corps. La plupart (de ces personnes) ont été tuées brutalement à coup d’armes tranchantes », a dit le porte-parole de l’armée Nayeem Ashfaq Chowdhury.
Un haut responsable de l’armée avait dans un premier temps indiqué que toutes les victimes étaient étrangères mais les médias locaux ont évoqué la mort de Bangladais. L’Italie a annoncé la mort de neuf de ses ressortissants (quatre hommes et cinq femmes), un dixième étant porté disparu. Un autre porte-parole de l’armée bangladaise a dit en fin de journée ne pas être en mesure de donner les nationalités des victimes. « Nous procédons aux identifications. Ensuite nous pourrons dire si les 20 sont des étrangers ou s’il y a des Bangladais figurant parmi les personnes tuées », a dit ce porte-parole, Rashidul Hasan, à l’AFP.
Au moins 13 otages dont trois étrangers ont été secourus par les commandos lors de leur intervention. Outre les six assaillants tués, un septième preneur d’otages a été arrêté. Deux policiers avaient trouvé la mort vendredi en affrontant les hommes lourdement armés. Cette attaque va relancer les craintes d’expansion de ces deux groupes jihadistes au Bangladesh.
« C’est un acte odieux. Quel genre de musulmans sont ces personnes? Ils ne sont d’aucune religion », a dit la Première ministre samedi matin. Des étrangers et des Bangladais patientaient toujours à l’extérieur du restaurant samedi dans l’attente d’obtenir des nouvelles de leurs proches qui étaient à l’intérieur. Le chef du gouvernement italien Matteo Renzi a fait part d‘ »une perte douloureuse » avec la mort de neuf de ses compatriotes. L’Inde a confirmé la mort d’une étudiante indienne de 19 ans de l’Université de Berkeley (Californie).
« Un attentat barbare »
Les assaillants avaient fait irruption dans l’établissement vendredi vers 21h20 (15h20 GMT) en criant « Allah Akbar » ouvrant le feu et faisant usage d’explosifs. L’EI a rapidement revendiqué la prise d’otages, a annoncé l’agence de presse Amaq, liée à l’organisation jihadiste. Un otage a raconté à son père que les assaillants avaient séparé les Bangladais des étrangers. « Ils (les étrangers) ont été emmenés à l’étage tandis que les Bangladais restaient autour d’une table », a dit le père, Rezaul Karim, à l’AFP.
Ce carnage a suscité la réprobation internationale, le Pape dénonçant « des actes barbares qui sont des offenses faites à Dieu et l’humanité ». Le président français François Hollande a condamné « un attentat barbare ». La Grande-Bretagne a exhorté ses ressortissants à éviter hôtels internationaux, supermarchés et restaurants. Cette prise d’otages intervient après une longue série de meurtres. Vendredi un volontaire d’un temple hindou a été tué à coups de machettes dans l’ouest du pays tandis qu’un prêtre hindou a été poignardé samedi dans le sud-ouest et se trouvait dans un état critique.
Le gouvernement attribue la responsabilité des meurtres à des groupes islamistes locaux. Le principal parti islamiste a été interdit de présenter des candidats aux élections et plusieurs de ses dirigeants ont été arrêtés ou exécutés récemment dans le cadre de procès sur leur rôle dans la guerre d’indépendance de 1971. Les autorités ont lancé le mois dernier à travers le pays une série d’opérations contre les groupes jihadistes locaux au cours de laquelle plus de 11 000 personnes ont été arrêtées. Mais des groupes de défense des droits de l’Homme estiment que ces arrestations sont souvent arbitraires ou destinées à réduire au silence des opposants politiques.
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