Depuis plusieurs semaines, la fondation Tizi invite les personnalités politiques marocaines dans le cadre de sa conférence « Les politiques face à la jeunesse ». À cet effet, elle avait reçu séparément le chef du gouvernement et secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane et ensuite Ilyas Elomari, secrétaire général du PAM.

Le modérateur avait alors posé la question à Abdelilah Benkirane de savoir s’il peut participer à un débat face à l’une des personnalités de l’opposition. « En principe, je n’ai pas de problème », avait répondu Abdelilah Benkirane après un moment de réflexion. La même question a été posée plus précisément  à Ilyas Elomari s’il participerait à un débat avec Abdelilah Benkirane. « Cela ne me pose aucun problème » a-t-il précisé. Mais cet accord de principe est loin d’être suffisant pour que cet débat ait lieu. Contacté par Telquel.ma, Zakaria Garti, président de Tizi, nous confie qu’Ilyas Elomari a déjà donné son accord pour un débat face à son rival islamiste. « Le contact a été établi avec Abdelilah Benkirane, il nous donnera incessamment sa réponse », confie Garti, qui espère après une réponse par l’affirmative de Benkirane d’organiser ce face-à-face en septembre 2016. « On préfère organiser ce débat juste avant la campagne électorale », précise-t-il.

S’il venait à être organisé, ce débat sera une première au Maroc entre deux personnalités politiques de premier plan au Maroc. D’ailleurs, Tizi ne s’en cache pas : « Ce débat sera une première au Maroc où deux opposants politiques débattront publiquement comme cela se fait dans les plus grandes démocraties ». Un débat qui sera fortement attendu, malgré les doutes qui subsistent sur son organisation, au cas où Abdelilah Benkirane refuserait d’y prendre part.

Même si elle pense qu’il n’aurait pas lieu, Laila Ouachi, experte en communication politique, se montre enthousiaste à cette idée. « C’est très intéressant que ce débat ait lieu entre deux bêtes politiques et d’aller vers ce genre de one-to-one à l’américaine. Ça sera intéressant s’ils arrivent à débattre des questions qui intéressent les Marocains ». « Mais le risque qui existe avec ces personnalités qui ont l’une envers l’autre une grande animosité, c’est que ça se transforme en un match de boxe ou on lave le linge sale en public, ce qui risque de dégoûter les gens ».

Pour elle, c’est clair, nos politiques ne sont pas « encore matures pour ce genre d’exercice ». L’experte en communication politique souligne : « Contrairement à Ilyas Elomari qui est calme, Abdelilah Benkirane s’énerve souvent. Il risque ainsi de prendre un coup en termes d’image. Une faille qu’Elomari va certainement utiliser ».  Et d’ajouter : « En raison de sa présence au gouvernement, Benkirane sera d’office sur la défensive pour soutenir son bilan, Elomari se trouvera dans une position plus facile au sein de l’opposition. Il peut s’attaquer au bilan gouvernemental ». Benkirane aura, en revanche, à son avantage son attitude d’« un politique à la communication politique populaire dont le discours séduit ». Alors, M. Benkirane, pourquoi ne pas venir, serions-nous tentés de dire ?