La Société nationale des autoroutes du Maroc (ADM) est en pleine restructuration. La direction revoit la structure des ressources humaines et compte supprimer des postes doublons à travers une opération de départs volontaires, ouverte entre le 10 mai et le 10 juin, dont l’objectif est de libérer 100 postes sur 540. En réalité, ce départ volontaire a été autorisé en 2012 mais ne concernait que trois personnes. Le management actuel a jugé utile à la demande des salariés, de le mettre à jour et de le généraliser à tous les employés. « Au 10 juin, une trentaine de personnes y ont souscrit. Nous envisageons de prolonger l’opération si jamais d’autres salariés sont intéressés », nous apprend le management de l’entreprise.
Les métiers de l’exploitation prennent le dessus
En parallèle, ADM cherche des profils pointus et des cadres avec une expertise dans les métiers de l’exploitation pour l’accompagner dans l’évolution de sa mission. D’abord simple constructeur d’autoroutes neuves, le groupe doit aujourd’hui prendre en charge la maintenance du réseau existant (1600 km) et surtout son exploitation. Pas moins de 312 000 véhicules empruntent le réseau autoroutier soit 700.000 passagers par jour. « Nous sommes dans une dynamique où l’exploitation prend le dessus sur le reste des missions », nous affirme Anouar Benazzouz, directeur général d’ADM. Une dynamique qui force l’entreprise publique a développé une stratégie d’industrialisation de ces process relatifs à l’exploitation. .
McKinsey conseille Autoroutes du Maroc
Pour l’aider dans son défi d’industrialiser son exploitation, l’entreprise publique a donc fait appel aux services de McKinsey. Le cabinet américain doit accompagner ADM dans le choix du modèle d’exploitation à adopter. Selon nos informations, les équipes du cabinet américain planchent depuis un mois sur un diagnostic des procédés d’exploitation de l’entreprise. Ils ont la charge d’opérer un benchmark des meilleures pratiques internationales en la matière.
« McKinsey a terminé son diagnostic. Il va présenter au conseil d’administration ses conclusions pour que ce dernier puisse trancher sur le modèle à adopter », précise notre source. « Il y a des métiers dans l’exploitation que nous n’avons pas. McKinsey doit nous proposer les meilleures options qui s’offrent à nous pour les mettre en place, et c’est le conseil d’administration qui tranchera », nous apprend, pour sa part, le management de l’entreprise. ADM travaille actuellement sur l’amélioration de ses services pour se mettre au diapason des nouveautés technologiques.
« L’automatisation des péages, la gestion des autoroutes par caméras, ce sont des métiers qu’on apprend à maîtriser », explique une source à ADM. Selon nos informations, la société veut mettre en place un centre de contrôle de trafic via Caméra. « S’il faut acheter l’expertise pour l’avoir, on le fera. L’essentiel est de maitriser ce métier le plus vite possible pour aller à l’assaut de l’Afrique », ajoute notre source.
La dette, la bête noir d’ADM
Sur le volet financier, ADM a enregistré « un déficit d’exploitation de plus en plus élevé ayant tendance à devenir structurel et qui pourrait menacer la solidité du montage ayant prévalu jusqu’à présent et engendrer des besoins de recapitalisation croissants », précise le rapport de la Cour des comptes sur les établissements et entreprises publics publié le 22 juin. Le rapport précise également que l’autonomie financière de l’entreprise est très réduite. Le rapport dettes financières / Fonds propres est de 4,9 à fin 2015, contre un ratio normal de 1.
Pire encore, Sur les 40 milliards de dirhams d’endettement de ADM, 23,6 milliards sont en devises. Selon nos informations, une «restructuration financière et un nouveau contrat-programme sont en cours de finalisation» ayant pour objectif d’améliorer la situation bilantielle de l’entreprise publique est prévue. Des dispositions comptables seront prises pour aligner la comptabilité de ADM avec la comptabilité internationale. Aussi, de nouvelles dispositions juridiques seront être bientôt annoncées. Selon nos informations, une partie de la dette contractée sur quinze ans pourrait passer sur trente ans. Cette mesure a pour objectif de remédier au décalage entre l’endettement à court terme et le retour sur investissement qui se fait à plus long terme.
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