Le vote des Britanniques en faveur d’une sortie de l’Union européenne n’a pas été sans effet sur l’ensemble des marchés mondiaux. Pour valoriser l’impact du Brexit sur l’économie mondiale, il faut plus de temps. Ce sont les marchés financiers qui ont été instantanément impactés. La livre sterling est ébranlée et n’avait jamais connu une séance aussi volatile que celle de ce vendredi 24 juin. Elle plonge de près de 7% face au billet vert, aux alentours de 1,3860 dollar, après être descendue jusqu’à 1,3232, soit son taux le plus bas depuis les accords du Plaza de septembre 1985, lorsque les grandes économies de la planète s’étaient entendues pour affaiblir le dollar. Le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mark Carney, a déclaré que l’institut d’émission était prêt à débloquer 250 milliards de livres sterling supplémentaires pour soutenir les marchés financiers et à envisager d’autres mesures dans les semaines à venir.
Dévalorisation de l’euro, du yen et du dollar
Car il faut noter que le marché intègre dans ses valorisations les baisses de taux d’intérêt de la part des grandes banques centrales, ce qui contraint la Banque d’Angleterre à injecter des liquidités pour limiter les dégâts. Les autres banques centrales mondiales seraient très probablement amenées à faire de même. L’euro est aussi malmené face au dollar en raison des doutes qui émergent au sujet de l’avenir de la construction européenne. Il a perdu près de 2,5% à 1,1110 dollar. Le yen, valeur refuge, est passé sous les 100 yens pour un dollar pour la première fois depuis fin 2013 avant de revenir aux alentours de 103, alors qu’il évoluait auparavant à 106,81. Le dollar pourrait ainsi connaître sa plus forte chute face au yen depuis 1998.
Tensions sur le marché de la dette
Le vote britannique provoque aussi des tensions sur le marché des dettes souveraines de la zone euro, avec un creusement des écarts de rendement entre les obligations des pays jugés sûrs, comme l’Allemagne ou la France, et celles des pays du Sud comme le Portugal, l’Espagne ou l’Italie. Le rendement de l’emprunt à 10 ans de l’Allemagne est tombé à un niveau historiquement bas de -0,169%. Une baisse d’une ampleur inédite depuis le paroxysme de la crise de la dette dans la zone euro, en 2012. D’après certains traders, la Banque centrale européenne (BCE) a quelque peu apaisé la situation en rachetant des obligations d’État. Les rendements à dix ans de l’Espagne et de l’Italie ont, pendant un temps, augmenté de 40 points de base pour atteindre respectivement 1,92% et 1,76%. Les obligations du Trésor américain attirent également les investisseurs et le rendement à dix ans des Treasuries a chuté de plus de 30 points de base jusqu’à 1,406%, plus très loin de son record de 1,38%.
Les marchés des matières premières également touchés
Les marchés des matières premières ne sont pas épargnés. Les cours du pétrole ont perdu plus de 4%, le Brent de la mer du Nord revenant sous les 49 dollars le baril. L’or, valeur refuge, a gagné plus de 4% aux alentours de 1.308 dollars l’once.
Quid des échanges commerciaux ?
La sortie de l’économie britannique de l’UE pourrait impacté certains pays européens du fait de l’importance de leurs relations commerciales avec le Royaume-Uni. Ces pays sont l’Irlande, Malte, Chypre, les Pays-Bas et la Belgique ainsi que le Luxembourg. « La France, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne devraient être moins affectées que la moyenne de l’UE », précise le Fonds monétaire international (FMI) dans son récent rapport “Implications macro-économiques du Royaume-Uni quittant l’UE”. L’organisation mondiale prévoit dans son analyse que l’économie du Royaume-Uni tomberait en récession en 2017 à -0,8 % avant de se redresser à +0,6 % en 2018. Le taux de chômage, actuellement prévu à 5 % cette année comme en 2017, remonterait à 5,3 % en 2017 en cas de conséquences limitées. En cas de scénario défavorable, il culminerait à 6 % en 2017 et 6,5 % en 2018. L’inflation grimperait, toujours en cas de scénario adverse, à 4 % en 2017 au lieu de 1,9 % prévu.
Avec agences.
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