« Nous avons un grand nombre de conteneurs bloqués au port de Tanger ! », nous lance, irrité, Wail Gassar, importateur de vitrage automobile. Depuis le 18 mai, le Maroc s’est doté d’une réglementation imposant de nouvelles exigences concernant l’importation des vitrage automobile. Ces mesures ont fait l’objet d’une circulaire du ministère de l’Industrie et du commerce. Elle annonce que toute importation de pare-brises doit être soumise à une analyse de conformité auprès du Centre technique des industries des équipements pour véhicules (Cetiev). Depuis cette date, les équipements importés jugés non-conformes aux normes de sécurité européennes 43R (normes qui définissent les essais à conduire pour tester les vitrages de l‘automobile ) par le Cetiev seront réexpédiés vers leur pays de provenance.
En réaction, les opérateurs dans les vitrages automobiles ont décidé de s’organiser. L’Association de professionnels des vitrage automobile (APVA) est en cours de constitution. Le communiqué annonçant cette création expose les craintes des importateurs du secteur. « Les importateurs ont accepté de payer sans broncher la taxe d’analyse, passée de 12 000 à 40 800 dirhams, soit 20% de la valeur de la marchandise et ils ne pourront pas commercialiser la totalité de la marchandise importée », rapporte le communiqué. Toujours selon l’APVA, cette décision concernerait tous les automobilistes. « Si cette situation perdure d’ici la fin de l’année, le marché connaîtra une pénurie », déclare à Telquel une source autorisée auprès de l’APVA. Est-ce vraiment le cas ? « La production locale des vitrages automobiles est en mesure de couvrir sept fois le marché marocain», nous déclare Hakim Abdelmoumen, président de l’Association marocaine pour l’industrie et le commerce automobile (AMICA) et président du Cetiev.
Le président de Cetiev explique : « la circulaire ne vise pas un produit en particulier. Nous soumettons toutes les pièces de rechange importées à des normes techniques liées à la sécurité des usagers. » D’après lui, « la grande majorité des pièces de rechange en la matière et qui circulent dans le royaume sont non-conformes, et ceci est la cause principale des accidents de la circulation dont souffre notre royaume. » Il affirme que cette nouvelle circulaire mettra fin à toute possibilité de fraude et organisera toutes les « importations sauvages » qui fleurissaient encore au Maroc. « Les importateurs sont en colère parce qu’ils ne pourront plus écraser la production locale avec leurs produits défectueux. Plusieurs industries ont fermé parce qu’il ne peuvent pas faire face à une concurrence non réglementée. » ajoute Hakim Abdelmoumen.
Le Maroc a, depuis quelque temps, fourni des efforts pour faire évoluer le secteur de la production de pièces automobiles en concluant des partenariats avec des géants tels que Renault ou Saint-Gobain. « Cette circulaire entre dans le cadre des mesures draconiennes établies par l’État pour, d’une part encourager la production locale et d’une autre part inciter les investisseurs étrangers à entrer dans le marché en le réglementant davantage, » conclut le président de Cetiev.
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