Un an après l’annonce de sa création, le Conseil supérieur de la Fondation Mohammed VI des ouléma africains a été officiellement installé le 14 juin à Fès. L’instance se présente comme une plate-forme d’unification et de coordination des savoirs des ouléma musulmans, au Maroc et dans les 31 autres pays africains en matière religieuse.
Au cours de son allocation, le roi Mohammed VI a indiqué que la fondation est un cadre qui va permettre aux ouléma de faire connaître et promouvoir « l’image réelle de la religion tolérante de l’Islam » et « ses valeurs que sont la modération, la tolérance et la volonté de coexistence ». L’universitaire expert en sécurité et terrorisme, Mohammed Benhamou soutient que la Fondation Mohammed VI des ouléma africains vient combler un vide en matière de structure pouvant répondre aux attentes face à la radicalisation. « Ce vide a longtemps profité aux terroristes » ajoute-t-il.
Le rôle de la fondation, selon le souverain, sera de « répandre la pensée religieuse éclairée et de faire face aux thèses d’extrémisme, de repli sur soi et de terrorisme que certains pseudo-prédicateurs colportent au nom de l’Islam, alors que celui-ci n’a rien à voir avec elles ». En somme, la fondation et ses différentes filiales locales seront « au service de la sécurité, de la stabilité et du développement en Afrique ». Mohammed Benhamou conforte cette vision. Pour lui les principaux défis de la fondation seront d’immuniser la pratique religieuse et assurer la paix et la stabilité. Stopper les initiatives en termes de fatwas, visions, perceptions erronées du texte religieux. Développer un discours religieux commun à toute l’Afrique. « La fondation contrera l’agenda iranien qui s’appuie sur des branches libanaises en Afrique pour faire implanter le chiisme, ce qui représente une menace » précise Benhamou.
À travers cette plate-forme, les ouléma bénéficieront de l’encadrement scientifique via leur contribution à « la prédication basée sur la voie du juste milieu, et la coordination des efforts pour vulgariser cette idée centrale qui consiste à parer à la discorde (fitna) et promouvoir la sécurité et la stabilité en tant que nécessité primordiale émanant de la charia » rapporte la MAP citant Ahmed Taoufik ministre des affaires islamiques et des Habous. Le ministre précise toutefois que la fondation « n’est pas et ne peut pas s’ériger en tant qu’instance alternative à tout conseil, institution ou organisme public dans l’un des pays concernés ».
Le Maroc s’est lancé dans une vaste opération de réforme du champ religieux afin de contrer notamment la menace djihadiste. Cette réforme comprend un volet formation d’imams qui intéresse de nombreux pays européens et Africains. Un programme de formation d’imams doté d’un budget de 200 millions de dirhams avait été lancé en 2008 avec pour objectif la promotion d’un islam « tolérant et non violent », basé sur le rite malékite. Selon AFP, ce projet a suscité l’intérêt de plusieurs pays, dont le Mali, et un accord a été signé en 2013 avec Bamako pour la formation de 500 imams maliens.
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