Un libraire dano-marocain, Saïd Mansour, 56 ans, a été déchu de sa nationalité danoise le 8 juin par la Cour suprême du Danemark et se verra expulsé définitivement du territoire pour « apologie au terrorisme », selon l’agence espagnole EFE. Cet homme, établi dans le royaume scandinave depuis 32 ans, purgeait une peine de prison de quatre ans pour son soutien affiché au Front Al-Nosra, branche syrienne d’Al-Qaïda.
Il devient le premier binational à être condamné à la déchéance de nationalité, légale depuis l’adoption par le Danemark de la loi anti-terroriste en 2002, mais jamais appliquée jusqu’à ce jour.
Accusé de faire l’éloge du terrorisme, notamment sur les réseaux sociaux, mais aussi en produisant des CD et DVD, le prévenu se défend des accusations en réclamant son « droit à la liberté d’expression ». Son avocat a, d’ailleurs, annoncé que Saïd Mansour compte faire appel du jugement devant la Cour européenne des droits de l’Homme, selon l’agence Reuters.
Il avait déjà été condamné en décembre 2014 pour ses messages de soutien au front Al-Nosra via Facebook et des échanges e-mails, mais aussi pour avoir facilité la publication de livres d’Abou Qatada, imam jordanien renvoyé du Royaume-Uni en 2013. Il n’est pas, pour l’heure, précisé s’il devra achever sa peine au Danemark ou s’il sera extradé vers le Maroc, ajoute la même source.
Quatre franco-marocains déchus de leur nationalité
Depuis le choc des attentats du 13 novembre 2015 à Paris, revendiqués par l’organisation Etat islamique (EI), et qui avaient fait plus d’une centaine de victimes, plusieurs pays européens ont durci leur politique face au djihadisme. Si le Danemark déchoit pour la première fois un citoyen binational, la France a récemment privé de leur nationalité française plusieurs citoyens accusés de liens avec le terrorisme.
Les autorités françaises ont ainsi déchu de leur nationalité cinq binationaux pour « participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un acte terroriste », après l’annonce le 8 juin du rejet d’un recours qu’ils avaient déposés. Parmi eux quatre franco-marocain et un franco-turc, tous originaires de quartiers populaires de la banlieue Ouest parisienne. La plus haute juridiction administrative française a jugé que la sentence « n’a pas revêtu de caractère disproportionné » face à la gravité des faits commis. Les cinq coupables avaient déjà été condamnés à des peines de prisons allant de 6 à 8 ans de prison en 2007 pour les faits susmentionnés, ainsi que pour leurs liens avec des membres du groupe djihadiste responsable des attentats du 16 mai 2003 à Casablanca.
Ilyas Benessaiah
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