«Je m’appelle Imane, je suis Marocaine, adepte du christianisme mais je ne suis pas une “nasrania”. Mon père est Sahraoui et ma mère est Berbère, j’ai grandi au Maroc et le Maroc a grandi en moi.» Posée en ces termes, sa présentation a de quoi retenir l’attention. Dans sa vidéo dépourvue de toute velléité de prédication, cette marocaine convertie au christianisme parle à visage découvert, expose un témoignage de vie personnelle et revendique son apparence à sa patrie, tout autant que ses autres concitoyens. «La religion est pour Dieu et la patrie pour tous», affirme-elle. «Le Maroc nous appartient, nous sommes des Marocains purs, et rien ne peut changer cette vérité.»
Elle ajoute : «Notre droit à la différence peut aussi atteindre le domaine de notre relation avec Dieu. Chaque marocain, même s’il est né au Maroc, considéré comme pays islamique, a le droit de d’être libre d’exercer le culte qui lui convient le mieux.»
Elle raconte aussi une anecdote, selon laquelle la famille de son époux confondait Chrétiens et ce qui est communément appelé au Maroc les «n’sara», qui désigne les étrangers de confession chrétienne. «Les gens croient que les chrétiens mènent une vie dissolue, n’ont aucune morale, font ce qu’ils veulent, se soûlent et font des enfants en dehors des cadres du mariage. C’est une idée déformée. Comme partout, il y a du bon grain et de l’ivraie», convient-elle.
Elle affirme, néanmoins, que ses sentiments religieux ne s’opposent pas à son amour pour la patrie :«Je suis marocaine, j’aime mon pays et les gens de mon pays, je respecte et j’aime la culture marocaine, la culture de l’hospitalité, des mets copieux, de la joie et des scènes de liesse».
En revanche, elle décrit la place prépondérante qu’occupe la personne de Jésus dans sa vie : «Je suis adepte du christianisme (…) j’ai choisi de suivre les enseignements de Jésus, les enseignements de l’amour, de l’abnégation, du respect et de la paix.» Et de poursuivre : «Jésus m’a appris comment devenir une bonne citoyenne. Je ne mens pas, je reste magnanime».
La liberté de conscience peut-elle se penser avec un droit à la différence ? Imane affirme que le chemin est encore ardu : «Des Marocains ont embrassé la religion chrétienne (…) mais sans l’acception de l’autre de la part de la société et des autorités, les chrétiens restent contraints de cacher leur foi.» conclut-elle.
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