Le Maroc, à l’instar de la communauté internationale, célèbre, mardi 31 mai, la journée mondiale sans tabac qui constitue l’occasion de réfléchir aux moyens d’éradiquer ce fléau, qui cause la mort de pas moins de six millions de personnes dans le monde, dont plus de 600 000 non-fumeurs victimes du tabagisme passif.
Au Maroc, le constat est alarmant. Le royaume est considéré comme l’un des plus grands consommateurs de tabac dans la zone méditerranéenne avec plus de 15 milliards de cigarettes par an, selon MAP. D’après une enquête nationale sur les habitudes et les comportements des fumeurs, publiée en 2008 dont les résultats sont relayés par la Fondation Lalla Salma de prévention et de traitement des cancers, le fumeur marocain dépense en moyenne 22 dirhams par jour pour l’achat de tabac (soit 30 % du SMIG en moyenne mensuelle), nous apprend la MAP.
Autres chiffres tout aussi inquiétants, 17 % de la population marocaine est exposée au tabagisme passif dans l’entourage professionnel. Au sein de cet échantillon, 32% sont exposés en milieu familial, alors que 60% le sont dans les lieux publics, et ce malgré l’adoption par le Maroc en 1996 de la loi 15-91 anti-tabac disposant l’interdiction de fumer dans les lieux publics et l’interdiction de la propagande et de la publicité en faveur du tabac.
C’est dans ce contexte et à l’occasion de la journée mondiale sans tabac que la Fondation Lalla Salma a lancé une campagne de communication pour sensibiliser les jeunes et en priorité les collégiens et lycéens aux méfaits du tabac
Une page Facebook dédiée à la campagne dénommée Stop Clope – KTA3E L’GARO a été lancée. Cette page «hébergera tout le contenu produit pour cette campagne, mais aussi engager le dialogue avec les jeunes», détaille la Fondation Lalla Salma dans un communiqué. L’un des contenus de cette page est une vidéo où l’on voit un jeune qui se substitue à Mario dans un ersatz du célèbre jeu Super Mario et qui gagne plusieurs vies lors de son parcours et qui la perd définitivement lorsqu’il s’arrête… pour fumer une cigarette . Cette séquence fait passer un message qui s’adresse aux jeunes : «Dans la vraie vie, il n’y pas d’extra life comme dans les jeux vidéo (…) et que, dans la réalité, la vie est précieuse car on n’en a qu’une et pour cela, il faut dire non à la cigarette» explique la Fondation.
L’OMS milite pour une hausse des prix des cigarettes de 10 %
Dans le monde, cette journée, initiée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), entend inciter les 194 États-membres de cette organisation à rejoindre sa campagne de conditionnement neutre (standardisé) des produits de tabac.
Placée sous le signe «Préparez-vous au conditionnement neutre», cette campagne se situe dans le prolongement d’autres mesures faisant partie d’une approche multi-sectorielle globale de la lutte antitabac.
Le conditionnement neutre vise à réduire l’attrait des produits du tabac et l’intérêt qu’ils suscitent, à accroître la visibilité et l’efficacité des mises en garde sanitaires obligatoires et à réduire la capacité d’induire en erreur les consommateurs sur la nocivité du tabac (paquets vendus au détail).
En décembre 2012, l’Australie est devenue le premier pays à mettre pleinement en application le conditionnement neutre, alors qu’en 2015, l’Irlande, le Royaume-Uni et la France ont promulgué des lois pour imposer cette mesure à partir de mai 2016.
Autre action appelée de ses vœux par l’OMS, l’augmentation des taxes sur le tabac. En moyenne, une hausse des prix des cigarettes de 10 % réduirait la consommation de 4 pc dans les pays riches et d’environ 5 pc dans les pays pauvres et à revenu moyen, tandis qu’une hausse des taxes de 50 pc réduirait le nombre de fumeurs de 49 millions dans le monde au cours des trois prochaines années, épargnant 11 millions de vies au passage, selon l’OMS.
La surtaxation des produits du tabac permet non seulement de renflouer les caisses de l’État, mais surtout de dissuader les fumeurs potentiels, les jeunes en particulier, d’acheter un paquet de cigarette dont le prix serait prohibitif.
Si rien n’est fait, cette épidémie entraînera plus de 8 millions de décès par an d’ici à 2030, dont plus de 80 % surviendront dans des pays à revenu faible ou intermédiaire.
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