C’était il y a plus de vingt ans. Bombastic, le tube du « Mister Lova Lova » Shaggy, est sorti en 1995. It wasn’t me et Angel c’était en 2000. Hey Sexy Lady, 2002. Si ça ne nous rajeunit pas, le Jamaïcain a lui aussi pris un coup de vieux. Un public épars est venu l’acclamer le 26 mai sur la scène de Mawazine. Des jeunes, des moins jeunes, mais surtout son cœur de cible : les 25-30 ans, ceux qui enregistraient ses tubes sur des cassettes, en rentrant du collège, lorsqu’ils passaient à la radio. À l’époque, il fallait appuyer sur « play » et « rec » en même temps pour lancer l’enregistrement. Ça faisait un drôle de son.
En souvenir de cette époque pré-YouTubesque, on avait bien envie de renouer avec ce style « à l’ancienne » le temps d’une soirée. Mais c’est un Shaggy un peu mou — en dépit de sa simulation d’érection avec son micro – qui nous avait donné rendez-vous. Il finira d’ailleurs par faire tomber son micro par inadvertance. Entre deux morceaux, il n’a que deux phrases pour ambiancer le public « Est-ce qu’il y a des sexy ladies marocaines ce soir ? » ou « Levez les mains si vous êtes fans de reggae ! ». Évidemment, ça passe mieux dans son anglais des Caraïbes, mais au bout de la dixième invective, le cœur n’y est plus vraiment.
À sa décharge, Shaggy souffrait ce soir-là d’une infection à l’oreille, mais avait tout de même tenu à se produire au festival. Dès le début du concert, on remarque d’ailleurs qu’il n’est pas à l’aise avec son oreillette de retour. Il finit par l’enlever. Il a le sourire, on sent qu’il est heureux d’être sur scène, mais il a du mal à le transmettre. D’ailleurs, lorsque sur Angel, il chante de sa voix grave gutturale « Life is one big party when you’re still young ; But who’s gonna have your back when it’s all done », on se rappelle amèrement que toutes les bonnes choses ont une fin.
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