Vol EgyptAir : un attentat «plus probable» qu'un accident

Aucune hypothèse ne peut être écartée pour l'heure dans la disparition d'un avion de ligne égyptien dans la nuit de mercredi à jeudi, même si un acte terroriste semble «plus probable» qu'une défaillance technique, selon un ministre égyptien.

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L'avion disparu est un A320 d'EgyptAir. Crédit : Adrian Pingstone/Wikipedia.

Aucune hypothèse ne peut être écartée pour l’heure dans la disparition d’un avion de ligne égyptien dans la nuit de du 18 au 29 mai, même si un acte terroriste semble «plus probable» qu’une défaillance technique, selon un ministre égyptien.

Que sait-on des circonstances de cette disparition ?

L’avion assurant le vol MS804 de la compagnie nationale EgyptAir reliant l’aéroport Paris-Charles de Gaulle au Caire s’est abîmé en mer au sud de l’île grecque de Karpathos avec 66 personnes à son bord. Des débris qui pourraient être ceux de l’A320 ont été aperçus au large de la Crète par un avion égyptien, selon l’armée grecque. L’armée égyptienne a indiqué qu’il n’y avait eu «aucun message de détresse» avant le crash présumé.

Selon le ministre grec de la Défense, Panos Kammenos, à 00H37 GMT, «l’avion, qui se trouvait à environ 10-15 milles à l’intérieur de l’espace aérien égyptien, a effectué un virage de 90 degrés à gauche puis de 360 degrés à droite en chutant de 37.000 (11.200 mètres) à 15.000 pieds, hauteur à laquelle son image (radar) a été perdue».

Un accident est-il envisageable ?

«Aucune hypothèse n’est écartée», qu’il s’agisse d’un «accident» ou d’un «acte terroriste», selon le président français François Hollande et les autorités égyptiennes.

Pour l’expert de l’aéronautique Gérard Feldzer, «un ennui technique majeur, l’explosion d’un moteur, une explosion à bord (…) semble peu probable». Il a précisé à l’AFP que l’A320, livré en 2003, était «relativement récent».

Il s’agit d’«un avion moderne, l’événement s’est produit en croisière (en plein vol, ndlr) dans des conditions extrêmement stables», a souligné Jean-Paul Troadec, ancien directeur du Bureau français d’Enquêtes et Analyses (BEA). Et EgyptAir «est une compagnie qui a l’autorisation de desservir l’Europe, donc elle n’est pas sur les listes noires».

Quid de l’hypothèse d’un attentat ?

Le ministre égyptien de l’Aviation civile Chérif Fathy a estimé, tout en disant ne pas vouloir «se perdre en conjectures», que la situation pouvait «laisser penser que la probabilité, la possibilité, d’une action à bord, d’une attaque terroriste, est plus élevée que celle d’une défaillance technique».

Le fait qu’aucun message d’alerte n’ait été envoyé signale un «événement brutal», ce qui fait «penser à un attentat», selon M. Troadec.

«C’est l’ambiance politique qui fait cela aussi, on tend vers cette hypothèse», pour M. Feldzer. La France, déjà durement frappée par le groupe Etat islamique ces derniers mois, et l’Egypte, dont le régime d’Abdel Fattah al-Sissi a renversé le président islamiste démocratiquement élu Mohamed Morsi, sont toutes deux des cibles pour la mouvance jihadiste. Mais «en général, ce genre d’attentat, si c’en est un, est revendiqué».

Comment expliquer la présence éventuelle d’un explosif à bord ?

L’appareil était passé mercredi par l’Erythrée, l’Egypte et la Tunisie, et effectuait un vol retour de Paris vers Le Caire. «La bombe à bord avec quelqu’un qui aurait mis cette bombe à Roissy ou au Caire, c’est quelque chose qui est toujours possible», tant il est difficile d’«étanchéifier à 100% un aéroport, même Roissy où c’est très surveillé. Ce n’est jamais une hypothèse qu’on peut écarter», dit M. Feldzer à l’AFP.

«La première chose à faire est de récupérer des débris qui donneront des indications sur l’accident (…) s’il y a eu explosion, il y aura peut-être des traces d’explosifs», souligne M. Troadec. Selon lui, «les services chargés de la sureté sont en train d’examiner toutes les conditions dans lesquelles le départ de cet avion a été préparé, quelles sont les personnes qui ont pu avoir accès sur la piste aux soutes de l’avion bien entendu, aussi que tous les passagers qui ont embarqué dans l’avion».

 L’avion a-t-il pu être abattu en vol, intentionnellement ou par erreur ?

Ce scénario, qu’il s’agisse d’un tir de missile sol-air comme évoqué pour le vol 17 de la Malaysia Airlines au-dessus de l’Ukraine en juillet 2014, ou mer-air comme le vol 655 d’Iran Air abattu par erreur par un croiseur américain, en juillet 1988, paraît peu probable à M. Feldzer. «Un missile du sol, non, maintenant qu’il ait été abattu par un autre avion et par erreur, ce n’est pas à exclure, mais il me semble qu’on le saurait déjà», remarque-t-il.

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