Les agropoles de Meknès et de Berkane peinent à attirer les opérateurs

Le projet des agropoles séduit peu les opérateurs. Le ministère de l'Agriculture entend donner plus d'impulsion et de consistance au démarchage vers les entreprises pour les encourager à investir.

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Lancées il y a 4 ans, les agropoles de Meknès et de Berkane ne suscitent pas l’engouement espéré auprès des professionnels de l’agroalimentaire. Ce n’est pas Abdellatif Abbadi, chef de division de l’agrobusiness au ministère de l’Agriculture, qui soutiendra le contraire. «Il est vrai qu’au départ nous avons souhaité aller plus rapidement dans le processus de remplissage de ces agropoles. Nous n’avons pas atteint les objectifs pour cause de retards», a t-il expliqué à Telquel.ma en marge du Salon international de l’agriculture du Maroc (SIAM) qui s’est tenu du 26 au 1er mai à Meknès.

C’est dans le cadre du plan Maroc Vert que la stratégie des agropoles a été mise en place. Ledit plan  ambitionne de mettre en place six zones industrielles aménagées pour répondre à la demande des industriels opérant sur toute la chaîne de valeur agricole. Sur les six sites programmés par le ministère de l’Agriculture en coordination avec celui de l’Industrie, seules les agropoles de Meknès et de Berkane, aménagées par MedZ, ont été livrées et sont en cours de commercialisation.

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Au niveau de l’agropole de Meknès, achevée en 2011, environ une quarantaine d’hectares ont été vendus sur 101, représentant une quarantaine de projets. Seules neuf unités sont opérationnelles sur ce site qui a mobilisé un budget de plus de 500 millions de dirhams. «D’autres entreprises représentant une trentaine de projets sont en cours d’installation», a précisé Omar Elyazghi, président du directoire de MedZ, une filiale de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG) en charge de l’aménagement des agropoles. Parmi les entreprises qui ont fait le choix de l’agropole de Meknès, on compte le Suisse Éléphant Vert ou les Celliers de Meknès.

Le coût du foncier, un souci pour les opérateurs à Berkane

À Berkane, quelque 12 unités industrielles y sont déjà construites, pour la plupart des coopératives et de petites PME, soit 35 lots vendus sur près d’une superficie globale de 95,2 hectares. Une première tranche de 33 hectares a été déjà livrée. Cette zone industrielle a nécessité, de son côté, près de 360 millions de dirhams. Dans cette agropole de la région de l’Oriental, le point de discorde entre les opérateurs et l’aménageur du site est le prix du foncier. Le prix de vente oscille «entre 250 et 500 dirhams  le mètre carré pour l’agropole de Meknès. À Berkane, les prix sont plus chers à l’agropole de Berkane», nous a confié Mohssine Semmar, membre du directoire de MEDZ, sans toutefois préciser le montant.

Pour Abdelkrim Mehdin, le président de la CGEM Oriental, «il faut recadrer l’adéquation» entre l’offre et la demande avec les professionnels au niveau du site industriel de Berkane. «Le coût du foncier est en inadéquation avec la demande des industriels», nous explique Abdelkrim Mehdi. Au niveau du secteur agricole, le coût du foncier est très important car il influe sur la compétitivité du prix et donc des exportations. Selon le président de la CGEM oriental, il est donc primordial pour les opérateurs de «trouver un compromis entre les besoins des agriculteurs et les contraintes de MedZ  pour arriver  à un prix qui répond à une contrainte de rentabilité», ajoute-t-il.

Les quatre agropoles restantes sont à la traîne. Celle prévue dans la région du Souss-Massa et également confiée à la filiale de la CDG, vient d’être lancée en 2015. Elle est, selon le ministère, en cours de commercialisation. Les agropoles de Tadla, du Gharb et du Haouz  ne sont pas encore identifiées.

Impulsion et consistance au démarchage vers les entreprises

Ce manque d’engouement a interpellé le ministère  de l’Agriculture qui étudie des mesures pour booster les investissements, notamment «une offre Maroc destinée aux investisseurs nationaux et internationaux» nous rappelle Abdellatif Abbadi. «Nous allons mener une action de démarchage pour aller vers les investisseurs avec une offre intégrée, qui est composée à la fois de types de projets qu’ils peuvent développer dans les agropoles et du cadre incitatif mis en place par l’État et tous les services et la logistique qui sont offerts» nous explique le chef de division de l’agrobusiness au ministère de l’agriculture. Mais il y a également, selon ce responsable du ministère de l’Agriculture, un travail de communication qui sera mené. «Nous avons mené des actions promotionnelles au début du lancement du projet. Des entreprises ont répondu mais on n’est pas arrivé à atteindre les taux espérés lors de deux premières années. Donc, on a conclu qu’il faut donner plus d’impulsion et de consistance au démarchage vers les entreprises» précise t-il.

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