Un orchestre symphonique dans les ruines de Palmyre reprises à Daech

400 spectateurs ont assisté au concert d’un orchestre russe dans les ruines de Palmyre, contrôlées il y a encore quelques mois par Daech.

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Crédit : Vasily Maximov / AFP

Le chef d’orchestre russe Valéri Guerguiev a dirigé le 5 mai un concert symphonique dans l’amphithéâtre de la cité antique syrienne de Palmyre. Un acte hautement symbolique, car c’est dans ces mêmes ruines que Daesh avait exécuté des dizaines de personnes avant d’en être chassé en mars par le régime Bashar El Assad, avec le soutien de la Russie. Les combats se poursuivent d’ailleurs dans le désert autour de Palmyre, dans le centre du pays en guerre, entre les forces du régime et les jihadistes de Daech.

Devant quelque 400 spectateurs parmi lesquels des soldats russes, des journalistes, des dignitaires religieux et des habitants de la ville, l’Orchestre symphonique du théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg a donné un concert intitulé « Prière pour Palmyre, la musique redonne vie aux anciens murs ». Environ une heure de Bach, Prokofiev et Chtchedrine au cœur de la cité dont les monuments les plus célèbres ont subi des dégâts inestimables de la part des jihadistes, selon une journaliste de l’AFP sur place.

La musique adoucit les mœurs…

Symbolique, cet interlude musical au milieu du bruit des armes est aussi hautement politique. Dans un discours retransmis dans l’amphithéâtre de Palmyre avant le concert, le président russe Vladimir Poutine — dont les troupes avaient joué un rôle crucial dans la reprise par le régime de la ville de Palmyre le 27 mars — a salué l’évènement comme un « extraordinaire acte d’humanité ». Le violoncelliste Sergueï Rodoulguine, proche du président russe Vladimir Poutine et lié au récent scandale des Panama Papers, a participé au concert retransmis en direct par la télévision publique russe. Après 5 mois d’intervention militaire russe en Syrie, Poutine avait annoncé le retrait des troupes le 14 mars.

Le ministre des Affaires étrangères britannique, Philip Hammond, a quant à lui vivement critiqué l’organisation de ce concert, le qualifiant dans un communiqué de « tentative de mauvais goût de détourner l’attention des souffrances continues de millions de Syriens ». « Cela montre que le régime est capable de toutes les bassesses. Il est temps pour ceux qui ont de l’influence sur Assad de dire que cela suffit », a-t-il ajouté, en référence à la Russie, alliée de Damas.

… à bon escient

La victoire face aux jihadistes dans cette ville a permis à la Russie de confirmer son rôle majeur dans le conflit. Fin avril, l’armée russe a annoncé avoir achevé le déminage du site antique que les jihadistes avaient truffé de mines et d’explosifs. Chef d’orchestre mondialement connu, Valéri Guerguiev a déjà organisé des concerts dans des sites ravagés par la guerre ou victimes de désastres naturels. Son orchestre avait joué en 2008 devant les bâtiments gouvernementaux en ruines à Tskhinvali, capitale de la république séparatiste géorgienne prorusse d’Ossétie du Sud, après une guerre éclair entre la Géorgie et la Russie pour le contrôle de ce territoire. Un autre concert est prévu le 6 mai dans la cité et sera organisé par le régime syrien.

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