Sahara: Depuis Riyad, Mohammed VI s’attaque à Ban Ki-moon

Le souverain estime que le secrétaire général de l’ONU participe aux «manœuvres» visant à déstabiliser le Maroc. Des manœuvres que le roi impute aux conseillers du Sud-coréen.

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Le roi Mohammed VI lors d'une rencontre du CCG en avril 2016. Crédit: DR

Offensive de Mohammed VI contre Ban Ki-moon. Lors de son discours prononcé le 20 avril à l’occasion du sommet réunissant les pays membres du Conseil de coopération du Golfe et le Maroc, le souverain s’est livré à une charge contre le secrétaire général de l’ONU.

Un discours qui intervient sur fond de tensions entre le royaume et le Sud-coréen après que ce dernier a qualifié la présence marocaine au Sahara “d’occupation”.  On notera également que ce discours a lieu après la fuite du “draft” du rapport du secrétaire général de l’ONU sur la mission des Nations Unies au Sahara (Minurso). Un rapport où le secrétaire général ignore le plan d’autonomie proposé par le Maroc en 2007 et appelle à l’organisation d’un référendum d’autodétermination pour le Sahara.

La réunion du Conseil de sécurité , un «épouvantail»

C’est dans ce contexte que Mohammed VI dénonce «des manœuvres orchestrées contre l’intégrité territoriale […] du Maroc».  Des manœuvres qui consistent à «délégitimer la présence du Maroc dans son Sahara» ou à «affaiblir l’Initiative d’autonomie dont la communauté internationale atteste le sérieux et la crédibilité». Selon le souverain ces manigances sont particulièrement notables durant le mois d’avril, qui coïncide avec l’adoption de la résolution du Conseil de sécurité sur la Minurso. Un événement qui, selon le roi, «est devenu un épouvantail qu’on agite à la face du Maroc et, parfois, un moyen de pression ou d’extorsion».

Parmi les personnes participant à ces “manœuvres” figure le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon. Selon Mohammed VI, le secrétaire général de l’ONU «est instrumentalisé pour essayer de porter atteinte aux droits historiques et légitimes du Maroc concernant son Sahara». À titre d’exemple, le souverain mentionne «les déclarations partiales du responsable onusien et ses agissements inacceptables afférant au Sahara marocain» faisant ainsi une référence très claire aux visites de Ban Ki-moon à Tindouf, à Bir Lahlou et en Alger. Selon le roi, les agissements du Sud-coréen s’expliquent par son manque de «connaissance complète du dossier du Sahara marocain».  Mohammed VI estime que le secrétaire général des Nations unies «n’est en définitive qu’un homme» qui est «l’otage de certains de ses collaborateurs et de ses conseillers».

Des collaborateurs qui ont des «positions hostiles envers le Maroc» selon le souverain. À travers ces déclarations, le souverain fait sans doute référence à l’envoyé personnel de l’ONU pour le Sahara, Christopher Ross, auquel le Maroc avait retiré sa confiance en mai 2012. Malgré ce retrait de confiance, le diplomate onusien avait quand même été maintenu à son poste.

Soutiens extérieurs

Malgré les différends existant entre le Maroc et le secrétariat général de l’ONU, le souverain semble néanmoins rassuré par la coordination au sujet du conflit du Sahara avec «ses amis traditionnels comme les Etats Unis d’Amérique, la France et l’Espagne». Le souverain place également les pays du Golfe, et africains «comme le Sénégal, la Guinée, la Côte d’Ivoire et le Gabon» au rang d’amis traditionnels.

Néanmoins certains de ces “amis” ne semblent pas bénéficier de toute la confiance de Mohammed VI, qui se plaint notamment du changement permanent «des responsables des administrations» de «certains pays». Des changements qui nécessitent le déploiement de «grands efforts pour informer ces responsables du dossier du Sahara marocain, de toutes ses dimensions et de ses véritables dessous», selon le roi. Une référence sans doute aux tensions ayant eu lieu entre les Etats-Unis et le Maroc en 2013 lorsque le pays de Barack Obama avait tenté d’inclure une mission de surveillance des droits de l’Homme au mandat de la Minurso. Une décision qui avait provoqué l’annulation provisoire de l’opération militaire américano-marocaine African Lion.

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