À Deroua, un caïd radié suite à une affaire de chantage sexuel

L'affaire a mis en émoi la petite ville de Deroua, dans la province de Berrechid, pendant plusieurs jours. L'histoire d'un caïd piégé par une vidéo d'un couple qui l'accuse de chantage sexuel n'a pas encore livré tous ses secrets.

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Credit: Photomontage TelQuel

Selon plusieurs supports médiatiques, qui rapportent en une l’information ce mercredi 13 avril,Houcine A.,  caïd de Deroua,  a été radié de la fonction publique. Les autorités se sont reposées sur un enregistrement vidéo diffusé sur Internet, ainsi que d’une copie de «plusieurs discussions SMS et WhatsApp qui prouvent que l’homme s’était rendu chez une femme mariée dans l’espoir d’un moment d’intimité avec elle», selon Al Ahdtah Al Maghribia.

Le responsable avait comparu le 12 avril devant le conseil disciplinaire du ministère de l’Intérieur, il passera également devant le tribunal après la fin de l’enquête de la Gendarmerie royale, selon un communiqué du ministère de l’Intérieur, cité par MAP. Le concerné avait déjà été suspendu le 27 février, suite à une enquête préliminaire, toujours selon la même source.

La décision du ministère de l’Intérieur intervient quelques jours après le scandale suscité par une vidéo, où l’on voit le caïd en sous-vêtements, encerclé par le couple dans leur chambre à coucher.

Tout a commencé en mai 2015, un jeune couple, Rachid et Siham, habitants du petit patelin d’un peu plus de 10 000 habitants, décide d’entreprendre des travaux d’agrandissement de leur demeure. Ils veulent ajouter une chambre sur leur terrasse, pour y héberger la mère de l’époux, selon les propos de l’épouse. Il prennent alors langue avec les autorités locales qu’ils auraient tenté de corrompre, à en croire ce qui a été rapporté par des sources médiatiques.

La jeune femme déclare que son mari et elle ont reçu en 2015 une autorisation verbale de l’administration les autorisant à mener les travaux en contrepartie d’une «somme de 2 300 dirhams afin de pouvoir construire une pièce supplémentaire» selon le site Febrayer.

Cependant, après que les travaux se sont terminés en janvier 2016, le caïd interpelle alors la famille sur l’illégalité de la construction et la nécessité de détruire la chambre supplémentaire. Rachid, le mari, avoue durant le rencontre avec le Caïd avoir donné 2 300 dirhams au Moqaddem pour avoir l’autorisation d’entamer les travaux. «Le caïd  demande à Rachid de signer une attestation dans laquelle il reconnaît avoir donné de l’argent à un moqaddem, sinon la chambre construite sur la terrasse sera démolie» raconte Siham.

Le caïd se serait servi plus tard de ce document pour exiger des relations sexuelles avec la jeune femme, sous peine de divulguer l’attestation qui pourrait coûter à son mari cinq ans derrière les barreaux, selon les propos de la femme. Entre Siham et le caïd, les conversations se multiplient, notamment sur WhatsApp, où elle l’accuse de faire des insinuations sexuelles à la femme et de l’inviter à venir chez lui, relaye le site local MilafatTadla24, captures d’écran à l’appui.

Conversation whatsapp
Conversation whatsapp

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Finalement, le couple décide de tendre à un piège au caïd pour récupérer l’attestation en question, en lui faisant croire que la femme accepte ses avances. Objectif : le filmer en flagrant délit de chantage pour commettre un adultère. Ils l’ont alors séquestré durant dix heures. Les deux jeunes mariés ont fini par libérer le caïd à condition que ce dernier leur rende le document, d’après le site local.

Le caïd ne se laisse pas faire et dépose par la suite une plainte pour extorsion auprès de la Gendarmerie royale qui a, en accord avec le procureur général, a organisé un guet-apens : le caïd a invité Rachid à prendre un café pour échanger le document contre la vidéo, mais une fois sur place, le caïd met un sac contenant 40 000 dirhams sur table. L’argent avait été auparavant répertorié par les forces de l’ordre. Des éléments de la gendarmerie royale interviennent sur-le-champ et arrêtent Rachid. Par la suite, la femme et l’ami de ce dernier on été arrêtés à leur tour, poursuivis pour avoir constitué «une bande criminelle spécialisée dans la détention et la menace d’extorsion». Siham demeure, toutefois, en état de liberté provisoire.

Des zones d’ombre demeurent. Le caïd ne s’est pas exprimé dans les médias, et l’on ne sait pas au juste dans quelle mesure et pour quelle raison le mari a accepté les 40 000 dirhams.

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