Affaire Gdeim Izik : Rabat expulse huit juristes étrangers

Des juristes de différentes nationalités européennes ont été expulsés du territoire pour «tentative d'atteinte à l'ordre public.»

Par et

Police marocaine
Policiers à l'aéroport de Casablanca. Crédit: Frederic Role / Flickr

La Wilaya de la région de Rabat-Salé-Kénitra a expulsé du Maroc huit ressortissants étrangers, deux de nationalité française, un de nationalité belge et cinq de nationalité espagnole, pour «tentative d’atteinte à l’ordre public.»

Les concernés, qui représentent « le prétendu Collectif international des avocats en soutien aux détenus de Gdeim Izik », étaient entrés sur le territoire national «dans le but de semer le trouble et porter atteinte à l’ordre public», précise la Wilaya le 7 avril dans un communiqué relayé par l’agence de presse MAP. La même source ajoute que cette mesure intervient «conformément aux dispositions de la loi N°02-03 relative à l’entrée et au séjour des étrangers au Maroc.»

De leur côté, les juristes qui composent le collectif international formé suite à la grève de faim entamée par les détenus condamnés dans le cadre du procès de Gdeim Izik, affirment dans un communiqué qu’ils ont été «arrêtés par la police marocaine à leur hôtel». Ils ajoutent qu’ils se sont rendus à Rabat « pour y rencontrer leurs confrères marocains et les autorités sur la situation de ces prisonniers ». L’objectif étant de leur demander de «libérer immédiatement  les détenus,  d’examiner sans délai leur pourvoi en cassation et de diligenter une enquête sur leurs allégations de torture et de mauvais traitement » explique le communiqué du Collectif.

«Mettre en péril la souveraineté du Maroc»

La délégation des prisons a également réagit, via un communiqué, ou elle assure que « la grève de la faim que ces prisonniers ont prétendu avoir observée pendant 37 jours est une grève simulée« , ajoutant que « la prétendue grève n’a aucun rapport avec leurs conditions de détention, mais obéit à des motivations inavouées et un agenda et des objectifs non déclarés« . Le communiqué nie les accusation de mauvais traitement, affirmant qu’ils sont traités « sans aucune discrimination entre eux et les détenus dans les différentes prisons du Royaume ».

S’exprimant à l’issue du Conseil du gouvernement tenu le 7 avril, le porte-parole du gouvernement Mustapha El Khalfi a affirmé que le Collectif souhaitait «mettre en péril la souveraineté du Maroc» insistant sur le fait que leur expulsion a été ordonnée «en vertu de la loi marocaine». Le ministre a également révélé que la sortie du territoire des huit juristes s’est faite en «coordination avec l’ambassade d’Espagne, qui en a été informée ainsi que et les services consulaires espagnols.»

Selon l’agence AFP, le ministère des Affaires étrangères espagnol avait  de son côté « demandé officiellement des explications à l’ambassade du Maroc à Madrid et a transmis formellement (son) inquiétude au sujet des garanties accordées aux personnes concernées lors de la mise en oeuvre de cette expulsion administrative », selon une source diplomatique citée par l’agence qui ajoute que le consul général espagnol à Rabat a pu rencontrer les avocats espagnols.

La wilaya de Rabat avait déjà expulsé du Maroc  le 16 avril 2015 Marion Martane, une Française qui avait l’intention de préparer un documentaire sur un des détenus condamnés dans le cadre du procès de Gdeim Izik.

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