Depuis plusieurs mois, le parti Al Badil démocratique peine à tenir son congrès national constitutif. Dès l’annonce de la création de l’aile ouverture et démocratie, plus connue sous le nom de «aile Ahmed Zaïdi» au sein de l’USFP, et ensuite la scission d’un nombre de personnalités, dont des parlementaires et des élus locaux, ce parti en devenir a incessamment reporté son congrès. Les militants dudit parti promettent la tenue du congrès constitutif lors de la première semaine de mai, mais l’affaire est loin d’être aussi simple, et l’avenir de la formation semble compromis.
Deux poids lourds de ce projet prennent leurs distances. Il s’agit des membres fondateurs Tarik Kabbaj, l’ancien maire d’Agadir ainsi que l’ancien député de Kelaat Sraghna Abdelali Doumou. Dans des déclarations à Telquel.ma, les deux leaders nous assurent qu’ils ne seront pas présents au congrès constitutif. Kabbaj affirme avoir «un déplacement à l’étranger» tandis que Doumou précise «qu’il a des problèmes de santé et que les médecins [lui] ont ordonné de se reposer».
À cela s’ajoute l’ancien ministre Ahmed Réda Chami. « J’ai été dans le courant Ouverture et Démocratie, mais dès que l’idée de créer un nouveau parti a été mise sur la table, j’ai exprimé mon désaccord, estimant que les conditions n’étaient pas réunies», affirme l’ancien ministre de l’Industrie. À côté de ces trois personnalités dont le nom s’était associé à cette initiative, Souad Zaïdi, membre du conseil de la ville de Rabat et fille du défunt Ahmed Zaïdi, semble aussi s’éloigner du mouvement tout comme le parlementaire Mohamed Hamani, selon des sources concordantes.
Une lutte de positions
Mais au-delà de ces déclarations, les différends au sein de Badil ne seraient pas dus à l’idéologie ou au projet de société. Selon des militants d’Al Badil, qui s’expriment en off, Tarik Kabbaj ainsi que Abdelali Doumou se retirent suite à une lutte de positions avec Mohamed El Yazghi et ses proches, qui auraient des «visées hégémoniques sur Al Badil». Contacté à plusieurs reprises par Telquel.ma, Mohamed El Yazghi est resté injoignable. Une source bien informée au sein d’Al Badil nous assure que «ce sont des accusations sans fondement. Mohamed El Yazghi n’a aucune relation avec Al Badil».
Cet éloignement serait tellement consommé que des sources internes nous confient que Tarik Kabbaj a été contacté par le PSU (Parti socialiste unifié) pour se présenter sous les couleurs de la Fédération de gauche démocratique (FGD) aux prochaines élections législatives. Abdelali Doumou serait, quant à lui, plus proche du CNI (Congrès national Ittihadi), et pourrait donc se présenter sous les couleurs de la FGD. Souad Zaïdi, quant à elle, est pressentie dans la liste nationale des femmes au sein du PPS. Mohamed Hamani pourrait aussi se présentera lui aussi sous les couleurs du parti du livre.
Contacté par Telquel.ma, Mehdi Mounchid, membre du secrétariat national d’Al Badil, nous explique que l’éloignement de plusieurs personnalités de premier plan n’a rien d’officiel. « Ce sont des informations que nous lisons dans la presse, les concernés ne nous ont rien communiqué dans ce sens ». Mehdi Mounchid est à contre-pied de l’inquiétude affichée par les autres militants de la formation en devenir, et va même plus loin, affirmant qu’« une rencontre nationale sera organisée dimanche 10 avril au cours de laquelle la désignation préalable des membres du Conseil national, ainsi que celle de la direction sera faite par consensus». Des décisions que le congrès n’aura plus qu’à entériner. Une autre source est tout aussi catégorique : elle nous explique que «le congrès va être un échec, Kabbaj et Doumou ne veulent pas que cet échec soit associé à leur départ et préfèrent donc rester discrets». Contacté à plusieurs reprises, Ali El Yazghi, membre comité de coordination d’Al Badil, est resté injoignable.
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