L’affaire de l’agression homophobe des deux jeunes de Beni Mellal a pris des tournures pour le moins étranges. Suite à la diffusion sur internet le 25 mars de la vidéo mettant en scène ce lynchage, Abdelaziz R –une des deux victimes présumées homosexuelles- a été arrêtée le jour même par les autorités locales. « Il a été présenté le 27 mars devant le procureur du roi. Il est accusé d’homosexualité. La procédure a par contre été renvoyée pour approfondissement de l’enquête » nous précise Lahoucin Harchi président de la section Association Marocaine des Droits de l’Homme (AMDH) de Beni Mellal. Il est en état de détention selon la même source.
La deuxième victime Abdellah B. a été arrêtée le 12 mars. Trois jours plus tard, le jeune homme est présenté devant le procureur du roi. « Il est condamné pour homosexualité à 4 mois de prison ferme et 500 dirhams d’amende » nous explique l’associatif. Quatre présumés agresseurs sont à leur tour emprisonnés.
L’affaire remonte au 9 mars, date où un groupe de personnes s’introduisent illégalement dans une chambre jouxtant une épicerie située dans un quartier populaire de Beni Mellal. Le passage à tabac des deux personnes Abdelaziz R. et Abdellah B. est filmé par la bande d’agresseurs. « Suite à l’agression, Abdelaziz R s’est rendu aux urgences où il a été arrêté par la police. Ayant senti une odeur d’alcool, les autorités l’arrêtent dans un premier temps pour état d’ivresse sur la voie publique et non pas pour homosexualité » indique le responsable de l’AMDH.
Au cours de sa garde à vue, Abdelaziz R déclare avoir été agressé par plusieurs personnes, dont Othmane F, Ayoub T et Saleh El K « Ce dernier a d’ailleurs déjà eu des démêlés avec la justice » selon notre source. Saleh El K est arrêté pour sa part le 10 mars pour possession d’arme blanche.
« Au cours de sa garde à vue, il a avoué avoir été présent au moment de l’agression sans y avoir participé », nous raconte Lahoucin Harchi. Deux procédures judiciaires sont alors ouvertes pour : « possession d’arme blanche » et « intrusion dans le domicile d’autrui sans autorisation et agressions ». Pour la première procédure, Saleh El K est condamné le 14 mars à un mois de prison ferme. La deuxième fera, elle, l’objet d’une « enquête approfondie » selon le représentant de l’AMDH. Convoqués par la police, « Othmane F. et Ayoub T et une troisième personne affirment à leur tour avoir été présents au moment de l’agression sans y avoir participé non plus ». Ces deux personnes sont actuellement en détention pour les mêmes chefs d’accusation que Saleh El K.
Le 28 mars, 15 associations de droits de l’Homme dont l’Association de Lutte contre le Sida, Bayt Al Hikma ou encore l’Observatoire Marocain des Prisons ont publié un communiqué conjoint pour appeler à « la libération des deux victimes » et « l’ouverture d’une enquête pour pénaliser les agresseurs ».
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous
Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer