Code de la presse : Majorité et opposition unis contre El Khalfi

Le projet de nouveau code de la presse continue de faire des remous. Les parlementaires de la commission législation, justice et droits de l’Homme critiquent le maintien des peines privatives de liberté dans le code pénal.

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Mustapha El Khalfi
Mustapha El Khalfi, ministre de la Communication et Porte-parole du gouvernement

Une rencontre houleuse s’est déroulée, mardi 22 mars, au parlement. La commission de la législation, de la justice et des droits de l’Homme devait tenir une réunion consacrée à des amendements portés au code pénal. Des modifications qui concernent les articles 265, 299, 431 et 179 du code pénal, relatifs, entre autres, aux peines consacrées à l’atteinte aux symboles nationaux, à la personne du roi ou encore au drapeau marocain. Sauf que le principal concerné, le ministre de la Justice et des libertés Mustapha Ramid n’était pas présent à la rencontre. Seul le ministre de la Communication Mustapha Khalfi est venu répondre aux questions des parlementaires.

Furieux, plusieurs parlementaires de la Commission ont reproché au gouvernement de vouloir transférer les peines privatives de liberté pour les journalistes du code de la presse vers le code pénal, d’où le projet d’amendement des quatre articles du code pénal, objet de la réunion. « Ces amendements sont injustifiés. Nous avons peur que ces modifications résultent sur une mauvaise interprétation de ces articles. Ces amendements constituent un recul et un danger pour les journalistes. Le code de la presse suffit. », a réagit la député USFP Aicha Lakhnass, qui a également regretté le manque, au Maroc, de juges spécialisés dans les affaires liés à la presse.

Dépasser la « mentalité sécuritaire »

Amina Mae El Ainin, député PJD, n’a pas elle non plus manqué de critiquer les amendements du code pénal : « Ces lois contiennent beaucoup de peines destinées à effrayer les journalistes. Or, nous avons grand besoin de libérer les journalistes de la peur. Ces peines reflèteront une mauvaise image du Maroc. Nous avons vu ce que ces peines ont causé à de nombreux journalistes, dont Ali Lmrabet, Ali Anouzla ou encore Abdellah Bekkali ». Très remontée, la député islamo-conservatrice a insisté sur la corrélation entre « développement démocratique et développement de la presse ». « Il faut dépasser l’ancienne mentalité sécuritaire. Si les journalistes peuvent faire des erreurs, on sait que même des juges peuvent en faire », a-t-elle encore asséné.

A contrario de ces positions, le député PAM Cherkaoui Roudani a demandé à ce que les peines soit encore plus sévères. « Nous devons être encore plus sévère avec ceux qui mettent en cause les constantes de la nations », a-t-il martelé. Mustapha Khalfi a pour sa part défendu mordicus ces amendements. « Ces amendements respectent les conventions internationales que le Maroc a ratifié. Ils respectent la constitution et l’ensemble du corps de la presse. Et ce texte est beaucoup plus avancé que l’ancien car les termes utilisés y sont plus précis », s’est-il défendu. Abdellah Bekkali, président du Syndical national de la presse marocain (SNPM) a qualifié pour sa part la manœuvre du gouvernement de « fourberie ».

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