Pourquoi faudrait-il se pencher sur la danse contemporaine, cette discipline souvent considérée comme élitiste et imperméable ? Les professionnels de la danse au Maroc tentent en tout cas d’attirer l’attention sur eux. À l’occasion de la 11e édition du Festival On Marche de danse contemporaine qui s’est tenu du 1er au 12 mars à Marrakech, ils publient un manifeste pour la danse contemporaine. Ils y dénoncent un « manque d’outils de transmission, d’espaces de travail, de soutien financier et de transparence dans les mécanismes d’aide publique à la création » et appellent à plus de reconnaissance de leur discipline, à la mise de place de politique publique pour la soutenir et à l’élaboration d’une stratégie pour la pérenniser. Rendue à sa 11e édition, la tenue du festival est chaque année menacée par le manque de moyens. Pourtant, lorsque le spectacle du chorégraphe marocain Sidi Larbi Cherkaoui y est programmé comme le 11 mars dernier, la salle d’une centaine de sièges du Dar Attakafa de Daoudiate ne peut accueillir tous les spectateurs qui ont accouru, et c’est dans les allées que doivent s’asseoir les derniers arrivés. S’ils étaient aussi nombreux, c’est qu’il doit y avoir de bonnes raisons de s’intéresser à la danse contemporaine.
Parce que ce ne sont pas que des « danseurs nus qui se roulent par terre »
Les clichés ont la vie dure. En matière de danse contemporaine, on entend dire qu’il ne s’agit que de « danseurs nus qui se roulent par terre ». Si la danse contemporaine traine cette réputation de discipline impénétrable, c’est qu’elle dégage une liberté totale d’écriture, d’invention et de composition. Libéré des figures imposées, d’un répertoire classique et figé, le chorégraphe contemporain est un auteur à part entière. Aussi, cette amusante séquence (remixée et mise en musique) participe-t-elle d’un véritable travail d’écriture.
Parce que le langage du corps, c’est 55 % du message que l’on transmet
D’après le psychologue américain Albert Mehrabian, seuls 7 % de la communication passent par le verbal et 38 % par le para-verbal (le ton et le son de la voix). Tout le reste, soit 55 %, découle du langage corporel. La danse contemporaine permet de prendre conscience de pertinence du corps pour communiquer. Avec leur corps pour seul médium, les danseurs parviennent à transmettre le message, la vision d’un chorégraphe.
Parce que c’est beau (parfois)
Pour peu que l’on soit un spectateur attentif (cela implique d’oublier son smartphone le temps d’un spectacle) et que l’on accepte d’être pris par la main pour entrer dans l’univers du chorégraphe, la danse contemporaine peut conduire à des moments de grâce. Oubliées les théories de Mehrabian et la réflexion intello, place aux émotions et à l’interprétation de chacun.
Parce que c’est libérateur
Dans un monde où le corps se cache lorsqu’il n’entre pas dans les canons de la beauté photoshopée sur papier glacé (et encore…), c’est une véritable bouffée d’air frais de contempler des danseurs repousser les limites du leur. Forcément imparfaits, leurs corps sont exposés tantôt avec pudeur, tantôt dans leur plus simple appareil, mais toujours à dessein. C’est comme allégé de sa carapace de chair et d’os que le spectateur sort d’une telle performance.
Parce que ça fait bien en société
« On est allé voir Pina Bausch à Rabat le week-end dernier, c’était for-mi-dable ! » Dites-le avec un macaron dans la bouche et nul doute que vous ferez mouche en société. Ne lésinez pas sur l’esbroufe, votre interlocuteur n’osera pas vous contredire. Attention en revanche si vous prétendez être allé la saluer en coulisse, la chorégraphe allemande est décédée en 2009.
Parce que les Marocains cartonnent
Aléatoirement et exhaustivement, ils s’appellent Lahcen Zinoun, Saïd Aït El Moumen, Sidi Larbi Cherkaoui, Bouchra Ouizguen, Sonia Nsiri, Taoufiq Izeddiou, Khalid Benghrib, Radouan Mriziga ou encore Meryem Jazouli, ils sont Marocans, danseurs et/ou chorégraphes et leur talent est reconnu à l’international. Pourquoi ne pas en profiter à domicile ?
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