CGEM-MEDEF : le Maroc ne veut pas jouer le simple intermédiaire

Favorisant le co-développement, le Maroc veut voir dans la nouvelle ambition de l’entreprenariat français, une manière d’investir davantage en Afrique sub-saharienne.

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Meriem Bensalah, présidente de la CGEM. Crédit : Yassine Toumi.

Face à la volonté affichée par la France de miser à nouveau sur l’implantation au Maroc, avec pour objectif un développement prochain en Afrique sub-saharienne, les entreprises marocaines ne comptent pas jouer les simples intermédiaires.

La venue récente du Medef (Mouvement des entreprises de France), et de son président Pierre Gattaz a illustré l’intérêt des entrepreneurs français pour le royaume. Lors d’un discours prononcé à l’occasion de son séjour, ce dernier a expliqué qu’il était primordial pour le Maroc et pour la France « d’être capable de faire des investissements longs ». « Nous sommes attentifs sur des secteurs tout à fait prioritaires liés au développement durable comme l’énergie, le traitement de l’eau, les infrastructures, le numérique, les industries, en sachant que le Maroc va accueillir la COP 22… », a-t-il détaille, avant de préciser : « Il s’agit aussi de développement des marchés à l’export vers l’Afrique, conjointement entre entreprises françaises et marocaines ». Dès lors, de la co-localisation, le Maroc et la France procèdent davantage désormais à des opérations de co-investissements. Une ligne directrice désirée et confirmée par Meriem Bensalah Chaqroun, présidente de la CGEM : « Non à la co-localisation, oui au co-développement ».

Par co-localisation, comprenez l’idée qu’un pays donneur d’ordres, puisse faire fabriquer des composants intermédiaires industriels à forte valeur ajoutée par une main d’œuvre moins onéreuse et sur la base d’un partenariat dans un pays étranger. Le co-développement, plus cher aux yeux de Meriem Bensalah Chaqroun, implique que les deux pays concernés oeuvrent ensemble vers des objectifs communs dans le développement de leurs entreprises. L’an dernier, la présidente de la CGEM avait tenu le même discours au président François Hollande, lors du Forum Maroc France, confirmant son désir de ne pas faire du Maroc, un simple acteur intermédiaire.

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Le Maroc a ses arguments

Selon les chiffres du ministère des Finances, 750 entreprises françaises sont établies actuellement au Maroc. Leur nombre a baissé de 25% par rapport à l’année 2012, qui a fait passer la France au deuxième rang des partenaires commerciaux du pays, derrière l’Espagne. Lors de son passage au Maroc, Gattaz expliquait que le continent africain, dont la population devrait doubler à deux milliards d’habitants d’ici à 2050, « a besoin de tout, de l’eau à l’énergie, en passant par les infrastructures». Le Maroc, par le biais d’une CGEM sûre de ses forces, a dès lors un rôle à jouer pour occuper une place centrale dans les nouvelles ambitions entrepreneuriales françaises.

Toujours selon le ministère des Finance, le royaume dispose actuellement de plus de 500 accords de coopération économique avec les États africains, incluant pour la plupart des tarifs douaniers préférentiels. Un argument qui laisserait convaincre plus d’un investisseur français de miser sur le Maroc, comme terre d’implantation pour le marché africain. Entre 2004 et 2014, « le montant global des échanges commerciaux entre le Maroc et le reste du continent a augmenté de 13% en moyenne annuelle, pour se situer à 37,6 milliards de dirhams », ajoute le ministère.

Ajouté à cela, le coût de la main-d’œuvre, moins important au Maroc qu’en France, et le climat apaisé entre les deux pays, depuis les rencontres successives entre François Hollande et le Mohammed VI,  les entrepreneurs français sont semblent-ils plus à même d’être attirés par le royaume. Lors de la visite du Medef au Maroc, Sami Mebazaa, directeur de l’innovation pour le cabinet de conseil Talan, confiait à l’AFP que le Maroc était une « superbe plateforme pour un marché africain en pleine croissance. » Selon ce dernier, il y a dans la population du royaume « un nouveau vivier de compétences, moins coûteux qu’en France, qui pourra ensuite être mobilisé pour travailler en Afrique sub-saharienne »

La CGEM et le MEDEF main dans la main

Ainsi, lors des rencontres récentes entre la CGEM et le Medef, plusieurs accords commerciaux ont été signés. Ces derniers se résument à un partenariat entre Cerway et le Morocco Green Building Council, un autre sur les opérations topographiques et foncières ainsi qu’un troisième sur un contrat de distribution des solutions de cybersécurité. Les deux entités n’ont pas voulu détaillé davantage la teneur de ces trois accords. Toutefois, à plusieurs reprises lors de son séjour au Maroc, Pierre Gattaz a réitéré son intention de collaborer avec la CGEM, comme pour signaler qu’il avait bien entendu le message véhiculé depuis plus d’un an, par son homologue marocaine, Miriam Bensalah Chaqroun. Cette dernière a indiqué que le partenariat qui lie le patronat français à son homologue marocain, est « profond et s’inscrit dans la durée».

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