The Revenant: Une leçon de survie

Avec The Revenant, le réalisateur mexicain Alejandro González Iñárritu nous plonge dans un univers préhistorique où l’homme doit lutter pour assurer sa survie.

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Dans l’Amérique du XVIIe siècle, alors en plein essor du commerce de peaux animales, Hugh Glass sert d’éclaireur à un groupe de trappeurs qui partent à la chasse dans une forêt jonchée d’obstacles et de zones marécageuses. Finissant par se perdre lui-même dans ce territoire hostile, Glass est attaqué sauvagement par un ours et est grièvement blessé. Celui qui était chargé de sa sécurité et de le raccompagner en lieu sûr finit par le laisser pour mort et tue son fils qui a tenté de le protéger. Glass va alors mener une lutte acharnée pour sa survie et entamer un long voyage pour retrouver l’assassin de son fils.

Man vs wild

Jusqu’où l’homme peut-il repousser ses limites pour survivre? C’est la question qui survole tout le film et à laquelle le cinéaste tente de répondre en filmant, au détail près, le comportement d’un protagoniste seul au monde. Car Hugh Glass est tout sauf angélique et est prêt à tout pour échapper à la mort. Se prémunir du froid dans les entrailles d’un cheval, affronter le blizzard, se laisser emporter par l’eau glacée, manger du poisson cru, arracher la peau d’un animal pour se vêtir, quémander auprès d’un indien pawnee le foie d’un bison… tous les moyens sont bons pour survivre dans cette Amérique qui se transforme en un univers préhistorique et pathétique où seuls les instincts priment.

Mais ce qui donne avant tout à Glass la force d’atteindre son but, c’est l’émotion. Il se remémore les moments de bonheur avec sa femme, tuée naguère par des colons, et avec son fils, assassiné froidement sous ses yeux. Des instants méditatifs qui lui permettent d’aller au bout de son odyssée au milieu de cette vaste nature. Glass laisse aussi de côté sa bestialité quand il rencontre la fille du chef des Arikaras (une tribu indienne), abandonnée en pleine forêt après avoir été maltraitée par des négociants blancs et qu’il ramène à son père.

Film au naturel

Contrairement à son dernier film, Birdman, entièrement filmé en espace clos, Iñárritu opère un changement radical en laissant place au naturalisme dans The Revenant. Le cinéaste, qui croit à l’adage « renouvelle-toi où tu mourras », a mis les projecteurs et les effets cinématographiques au profit d’une esthétique épurée. Il a fait le choix de n’utiliser que la lumière naturelle, filmant chaque jour pendant une heure et demie au Pôle nord, avec des cadres alternant gros plans (fragilité et souffrance de l’homme) et plans en panorama (somptuosité et grandeur de la nature).

Pour raconter ce « survival », Iñárritu multiplie les références aux maîtres du cinéma. On reconnaît un travelling en plongée emprunté au Russe Andrei Tarkovski dans Stalker. La trame narrative et la fusion de l’homme et la nature évoque aussi Dersou Ouzala du Japonais Akira Kurosawa. Le tout est magistralement porté par le jeu corporel de Leonardo DiCaprio, qui a bien mérité (enfin) son Oscar du meilleur acteur.

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