Agriculture, automobile, entrepreneuriat… l’expérience marocaine peut servir le reste du continent. C’est l’idée que les ministres présents lors du Forum international Afrique développement organisé par Attijariwafa Bank et Maroc Export les 25 et 26 février à Casablanca ont défendu. Cette rencontre a rassemblé plus d’un millier de personnes. Plus de 20 pays étaient représentés. Si des conférences étaient organisées, portant notamment sur l’électrification et l’agriculture, l’intérêt essentiel de l’événement résidait dans le « réseautage » à activer en marge de la salle plénière.

«  L’Afrique doit faire confiance à l’Afrique ». Nombreux étaient les intervenants faisant référence au discours que Mohammed VI a tenu à Abidjan en février 2014.  Plusieurs ministres marocains se sont exprimés lors de la séance d’ouverture.  Tous semblent bien avoir compris le message royal.

Aziz Akhannouch a défendu son Plan Maroc vert (PMV) pendant plusieurs minutes en justifiant ce qu’il estime être un succès par l’utilisation d’engrais, le nombre de tracteurs par hectare, de tonnes de fruits exportés, de surfaces arrosées par goutte à goutte… pour finir par le fait que le Maroc coopère avec les États africains pour partager son expérience. Il a donné l’exemple de la coopération du Maroc avec le Mali pour développer sa filière bovine (don de semences, assistance technique, formation de cadres…).

Moulay Hafid Elalamy a, pour sa part, vanté la politique industrielle du Maroc. Il est surtout revenu sur les secteurs automobile et aéronautique. Quand il a fallu faire le lien avec l’Afrique, il a rappelé l’exportation du offshoring marocain dans d’autres pays africains. Il faut dire que le ministre sait de quoi il parle puisqu’il détient Phone Group, société de relations clients présente à l’étranger. Et pour lui « cette même intégration doit se faire au niveau de l’industrie ». Moulay Hafid Elalamy a donc lancé un appel aux autres pays du continent : « Nous pouvons accompagner les pays qui le souhaitent à réaliser ce cycle [assemblage de pièces détachées, construction de voitures puis de moteurs, ndlr], de manière encore plus rapide. Je suis à votre entière disposition et j’ai les instructions pour cela ».

Salaheddine Mezouar a lui préféré commencer par le sentimental. « L’histoire du Maroc et de l’Afrique est une belle histoire qui est en train de se construire » a débuté le ministre des Affaires étrangères. « Aujourd’hui nous sommes des peuples voulant avancer en toute indépendance, c’est le début de la vraie histoire », a-t-il poursuivi, ajoutant « Nous proposons de sortir de l’afro pessimisme et de la croyance que nous ne sommes pas capables de construire notre avenir ». Puis le RNIste a ensuite justifié la politique africaine du Maroc. « Contrairement à ce que certains ont prétendu, le Maroc n’est pas arrivé avec ses grosses bottes pour s’imposer ou pour prendre la place de qui que ce soit. Le Maroc est parti vers ses frères et sœurs africains pour parler le langage du cœur ». Et en tant que président de la COP 22, Salaheddine Mezouar a poursuivi sur l’importance de défendre à plusieurs les intérêts de tout le continent : « Nous voulons faire de la COP 22 la COP de l’Afrique et des pays du Pacifique ».

Le ministre délégué en charge des petites entreprises et de l’Intégration du secteur informel Mamoune Bouhdoud a, quant à lui, lors d’une conférence sur l’entrepreneuriat africain, mis en avant la toute récente expérience marocaine en matière auto-entrepreneuriat. La loi est passée en 2015, les premiers Marocains commencent à profiter du statut (même s’il manque encore un décret d’application). Mais cette semaine, le Maroc a déjà signé une convention avec la Côte d’Ivoire, le pays d’Afrique de l’Ouest souhaitant adopter une loi identique.