La décision est tombée le 8 février dans l’après-midi. Après une semaine de détention, celui que l’on surnomme le « héros de la vidéo de la route bâclée » vient de bénéficier de la liberté provisoire. « C’est une victoire en attendant qu’il soit relaxé », se réjouit son avocat, Me Azzedine Cherkaoui. Une « victoire » qui fait suite à la vague d’indignation qu’a suscitée l’affaire.
Tout commence début janvier. A Jemâat S’haim, un patelin à une quarantaine de kilomètres de Safi, un jeune homme, Abderrahmane El Mekraoui de son nom, publie une vidéo dénonçant l’état d’une route, mal goudronnée, de sa commune. Le jeune accuse ainsi le président de sa commune, l’Istiqlalien Khalid Anouiked, d’en être le premier responsable.
Une fois publiée, la vidéo fait le tour des réseaux sociaux, suscitant l’ire des internautes. Piqué au vif, Khalid Anouiked, considérant les propos comme diffamatoires, porte plainte contre Abderrahmane El Mekraoui. « Il faut dire qu’un adversaire politique d’Anouiked a instrumentalisé la vidéo en la diffusant partout », commente Mohamed M’Ribeh, président de la section locale de l’AMDH à Safi. Toujours est-il que le procureur du roi près le tribunal de première instance de Safi ordonne son arrestation le 2 février. « On était tous surpris par cette décision. Il n’a fait que dénoncer l’état d’une route, ce que tout le monde peut faire », s’exclame Addahar Slimane, un voisin d’El Mekraoui.
En attendant le verdict
La décision n’a pas surpris d’ailleurs que les proches du « héros de Jemâat S’haim ». Sur la Toile, la colère des internautes était telle que le ministre de l’Equipement Aziz Rabbah a dû, face aux critiques, se fendre, sur sa page Facebook, d’un texte pour rejeter toute responsabilité dans la réalisation de la route « incriminée ». « Celle-ci n’est pas répertoriée et ne dépend pas du ministère de l’Equipement, des transports et de la logistique », se défend-t-il.
Médiatisée, l’affaire prend vite de l’ampleur, mobilisant les différents acteurs des droits de l’Homme. Le Centre marocaine des droits de l’Homme exige ainsi la « libération immédiate » d’Abderrahmane El Mekraoui, non sans évoquer un « procès d’opinion ». Le président de la commune, l’auteur de la plainte, promet quant à lui de retirer sa plainte. « Jusque-là, il ne l’a pas encore fait », précise l’avocat d’El Mekraoui, à quelques minutes de la libération provisoire d’El Mekraoui. La décision définitive sera rendue par le tribunal le 10 février.
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