L'OMS pointe une série de faiblesses du système de santé au Maroc

Pénurie de ressources humaines, secteur privé mal réglementé, dépenses limitées accordées aux soins préventifs des maladies... Les points faibles du secteur de la santé, selon l'OMS

Par

Yassine Toumi/TelQuel

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié un rapport, présenté le 2 février à Rabat par le ministère de la Santé, sur « l’évaluation des fonctions essentielles de santé publique ». Dans ce rapport, plusieurs points ont été soulevés notamment le faible nombre de médecins en comparaison à la population, le manque d’investissements dans le secteur de la santé et un budget qui reste très limité dédié aux soins préventifs des maladies ainsi que l’absence d’une stratégie globale pour la gestion et la gouvernance de la recherche dans la santé publique.

6 médecins pour 10 000 habitants

Selon l’OMS, le système marocain de santé dépend fortement d’un personnel de santé vieillissant. De plus, «le Maroc manque cruellement de personnels de santé», indique l’organisation qui ajoute que «le secteur de la santé souffre également de la mauvaise répartition des personnels tant d’un point de vue géographique qu’en termes de combinaison de compétences et de spécialités». L’OMS recense, en se référant à son rapport de 2013, 6,1 médecins pour 10 000 habitants, 9 infirmières et sages-femmes, 1,4 dentiste et 2,7 pharmaciens pour ce même nombre d’habitants.

Face à cette pénurie des médecins, l’OMS note que le gouvernement a lancé une initiative visant à former 3300 docteurs en médecine par an à l’horizon de 2020 en vue d’atteindre l’objectif d’une densité d’un médecin pour 1 000 habitants.

Dans ce rapport, il est aussi relevé qu’il existe «une faible fidélisation et une faible motivation du personnel médical surtout dans les zones reculées, la généralisation de la double pratique, qui contribue à réduire la performance.»

Peu de dépenses accordées à la santé

Malgré le fait que le pourcentage des dépenses gouvernementales consacrées à la santé dans les dépenses totales du gouvernement a augmenté, passant de 4,8 % en 1998 à 6,3 % en 2010, l’OMS explique que «cette part est encore inférieure à celles des pays ayant un niveau de développement similaire». Pour étayer son constat, l’organisation s’est référée aux dépenses de l’État consacrées aux soins préventifs qui ne représentent que «3,8 % du total des dépenses consacrées à certaines maladies non transmissibles (diabète, maladies cardiovasculaires, cancers et broncho-pneumopathie chronique obstructive).» 

Le secteur privé mal réglementé

L’OMS reproche également au ministère de tutelle son incapacité à réguler le secteur privé qui exerce dans le domaine de la santé. L’organisation note que l’expansion du secteur privé, qui rassemble 6 763 cabinets privés et 439 cliniques, situés principalement en zone urbaine et sur la côte atlantique nord, «est mal réglementée et qu’il est nécessaire d’établir de meilleurs partenariats entre celui-ci et le secteur public» qui compte 2689 établissements de santé de soins primaires et 144 hôpitaux.

Une autre critique adressée au gouvernement concernant le secteur privé est «l’inexistence de données contrôlées sur le nombre de médecins exerçant dans les cliniques et les établissements privés». Un problème majeur, selon l’organisation.

 

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