La manifestation s’est déroulée dans un quartier populaire où une salle de prière musulmane avait été saccagée la veille en marge d’un premier rassemblement.
Le rassemblement de samedi a été émaillé d’un bref incident, quand un homme a brisé à coups de pierres les portes vitrées de trois halls d’entrée, a constaté une correspondante de l’AFP. Encadré par des forces de l’ordre en nombre, il s’est cependant dispersé sans autre incident en fin de journée.
Dans la soirée, le préfet de Corse, Christophe Mirmand, a demandé l’arrêt des manifestations en promettant que des « policiers seraient présents dans tous les quartiers » selon des propos rapportés par les manifestants conviés à une réunion avec ce représentant de l’Etat sur l’île.
Les manifestants, comme ceux de la veille, étaient venus dans cette cité populaire des hauteurs d’Ajaccio à la suite d’une agression qui y avait été commise dans la nuit de jeudi à vendredi par des jeunes encagoulés contre des policiers et pompiers appelés pour un feu.
L’agression qui a fait trois blessés — deux pompiers et un policier– a été menée par « une vingtaine de personnes », selon des pompiers qui la décrivent comme un « guet-apens » d’une grande violence, à coup de battes de baseball et de barres de fer.
Les centaines de manifestants venus dans la cité vendredi affirmaient vouloir en rechercher les auteurs, mais un groupe d’environ 300 personnes s’était finalement détaché et avait saccagé une salle de prière, tentant notamment de brûler des exemplaires du Coran. Un restaurant kebab avait également été endommagé.
Ces incidents surviennent dans un climat de tension en France après les attentats jihadistes qui ont fait 130 morts à Paris le 13 novembre, ainsi qu’après la victoire de nationalistes corses aux élections régionales qui ont également vu la poussée de l’extrême droite dans le reste de la France.
Le Premier ministre Manuel Valls, tout en dénonçant l’« agression intolérable » commise dans la cité d’Ajaccio contre les pompiers, a également dénoncé vendredi la « profanation inacceptable d’un lieu de prière musulman ».
Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve a fustigé « (des) exactions intolérables, aux relents de racisme et de xénophobie ».
Le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Anouar Kbibech, a appelé « l’ensemble de nos concitoyens au calme et à la sérénité », dans un communiqué. L’Union des mosquées de France (UMF) a appelé les pouvoirs publics à « renforcer les moyens de protection » autour des lieux de culte « et les musulmans de France à la vigilance et à la sérénité face à toutes les provocations ».
Le Front national (extrême droite) a quant à lui estimé que « quand les citoyens ont le sentiment légitime que l’Etat ne fait plus régner l’ordre républicain (…) il y a le risque évident qu’ils veuillent se faire justice eux-mêmes (…) ».
Un habitant de la cité des Jardins de l’Empereur à Ajaccio, où se sont déroulés les incidents, Mehdi, âgé de 35 ans, a de son côté souligné que l’agression contre les pompiers avait été le fait d’un « tout petit groupe de jeunes ».
« Les parents abandonnent, le problème c’est l’éducation », a-t-il déclaré à l’AFP, « mais nous, nous voulons tous vivre ensemble, sans problème ».
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