Le plus jeune, Soltane, a 14 ans et les plus vieux n’ont pas encore atteint l’âge de la majorité. Mais quand on s’approche des petits box dans lesquels chaque équipe a soigneusement mis en place ses inventions, ces lycéens se transforment en grands orateurs capables de vous expliquer la plus complexe des inventions. Ici, on parle robotique, Arduino -ces mini-ordinateurs pas chers qui ont révolutionné la création informatique-, mais aussi équation et biologie. Bienvenu à l’édition 2015 de la compétition Intel des sciences dans le monde arabe, qui a pris fin le 19 octobre à Alexandrie, en Égypte.
Cette sixième édition a réuni plus de 110 élèves provenant de 11 pays de la région Afrique du Nord et Moyen-Orient. « L’objectif de la compétition est de réintéresser les jeunes aux filières scientifiques », nous résume Kamal Bibi Triki, general manager Intel Afrique du Nord et Levant.
Le premier prix de cette compétition, un chèque de 2.500 dollars, est revenu au jeune égyptien Mohamed Ayman Mohammed, concepteur d’une solution pour freiner la croissance des cellules cancéreuses du poumon à travers leur privation de nutriments. Si l’énoncé à de quoi impressionner, les autres jeunes n’étaient pas en reste, dont notamment quatre équipes aux couleurs rouges et vertes qui ne sont pas reparties avec un prix, mais avec la reconnaissance d’avoir été sélectionnés parmi près de 100.000 projets soumis par des candidats de toute la région ! Les projets marocains étaient tous basés sur l’énergie renouvelable, et présentés par des jeunes qui ont justement de l’énergie à revendre.
La fontaine intelligente
Khaoula Yagoubi, 17 ans et Aicha Oujidi, 16 ans sont toutes les deux élèves au lycée d’excellence Ben Abdelkrim El Khattabi à Nador. Munies d’une lampe torche, elles éclairent un mini panneau solaire qui suit automatiquement la source de luminosité. L’énergie ainsi emmagasinée fait fonctionner de mini-turbines qui font sortir de l’eau de leur mini fontaine. Une invention faite avec les moyens du bord, mais que les deux jeunes filles imaginent à plus grande échelle, pour pomper l’eau des puits de douars enclavés. « Le panneau mobile permet d’augmenter le rendement de 62% », explique Khaoula. Le regard d’Aicha s’illumine : « je voulais faire médecine, mais quand j’ai vu ce que l’on peut faire avec ces technologies, j’ai changé d’avis ».
Taxi vert
Comment reconnaît-on un taxi ? Avec le signe bien en évidence au-dessus du véhicule bien sûr. Mais saviez-vous qu’il fallait trouer la carrosserie, faire passer des câbles pour installer ce fameux signe qu’il faudra allumer et éteindre manuellement ? C’est en voulant résoudre ce problème simple que Oussama Routabi, 17 ans, et Hafsa Marchiche, 17 ans aussi, ont conçu un signe « taxi » qui fonctionne avec la seule puissance de l’air généré par le mouvement du véhicule. L’idée est simple, mais ingénieuse : un trou est fait sur le signe « taxi » permettant de faire passer l’air et donc de faire tourner une petite dynamo. L’énergie ainsi produite alimente en électricité un LED (une sorte de mini ampoule) et l’excédent est stocké dans une batterie.
Cette invention est une des rares que les élèves, au revenu modeste, ont pu breveter auprès de l’Ompic (Office marocain de la propriété intellectuelle et commerciale). « En Égypte c’est gratuit, au Maroc, ça l’est pour les étudiants de l’université, mais pas pour les élèves. Ils sont obligés de payer 3240 dirhams », déplore Toumi Jilali, enseignant et encadrant du club des sciences de l’ingénieur du lycée Les Orangers à Rabat, qui regrette des « idées qui se perdent ». Résultat : seulement cinq inventions créées par ces jeunes talents ont été enregistrées, et plus d’une douzaine de créations qui en valent le coup ne le sont pas. Mais pas de quoi entamer l’entrain d’Oussama : « On voudrait créer encore plus d’inventions made in Morocco, comme notre modèle Rachid Yazami », lance-t-il, en référence en co-inventeur marocain de la pile Li-ion, qui équipe l’écrasante majorité des appareils électroniques nomades de la planète.
Feux tricolores solaire
Encore une idée simple, mais utile, économique et respectueuse de l’environnement. Oussama Chatri, 16 ans, du lycée Ali Ben Berri à Nador, a voulu simplifier le fonctionnement des feux tricolores. Il a conçu une maquette qui explique le fonctionnement de son système automatisé de gestion de la circulation. Un panneau collecte l’énergie du soleil pour alimenter le système. Une carte électronique, conçue par le jeune, calcule le temps pendant lequel chaque feu doit rester allumer, et le tour est joué.
L’épouvantail intelligent
Du plug&play en pleine campagne, c’est possible. L’idée de Mariem Bariz et de Kawtar El Alaoui a de quoi faire fuir les oiseaux les plus téméraires. Et pour cause, il s’agit d’un épouvantail qui fonctionne avec l’énergie solaire et donc exclusivement le jour, comme l’idée est de faire fuir les oiseaux. L’énergie ainsi produite sert à faire fonctionner un ventilateur qui fait tourner cet épouvantail next-gen sur lui-même. En même temps, un petit haut-parleur diffuse un son strident pour faire fuir les volatiles. Simple et efficace.
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