Aliaa Gad, une youtubeuse égyptienne, diplomée en médecine de l’Université Ain Shams du Caire, fait parler d’elle sur internet. En abordant des sujets comme l’éjaculation précoce, les positions sexuelles ou encore la taille du pénis, à destination d’un public arabophone, elle séduit des milliers d’internautes.
Lancée en 2010, sa chaine personnelle compte déjà plus de 164 000 abonnés. Ses vidéos ont été visionnées des milliers de fois. A titre d’exemple, une vidéo où elle évoque la taille idéale du pénis, a été vue plus de 1,6 million de fois. Désirant élargir son public, Aliaa Gad propose depuis peu des vidéos en anglais, via son autre chaine Afham TV.
Dans un contexte compliqué, puisque les questions liées au sexe, font souvent office de tabous, dans la société égyptienne, Aliaa Gad évoque, dans des propos relayés par France 24, le « manque d’information terrible sur la prévention de certaines maladies sexuellement transmissibles» pour expliquer sa démarche. Cette dernière explique avoir contacté plusieurs chaines satellitaires en Egypte pour leur proposer des concepts d’émissions, mais qu’aucune n’a daigné lui répondre.
En 2010, Aliaa Gad prend donc seule, l’initiative de proposer des films éducatifs via la plateforme Youtube. « J’ai acheté une vielle caméra à cinq euros et j’ai commencé à faire des vidéos très basiques sur la santé et la famille. Dans l’une des premières vidéos, j’ai parlé du dépistage du cancer du sein. J’ai eu beaucoup de retours et j’en ai été étonnée. Des femmes m’ont contactée pour me remercier et me dire qu’elles avaient pu déceler de façon précoce un cancer grâce à cette vidéo.» Une première expérience réussie qui motivera la podcasteuse à continuer ces vidéos. Aujourd’hui, cette titulaire de médecine ne se prive d’aucun sujet, elle confie avoir davantage investie dans le domaine des problèmatique liées au sexe, après avoir reçu un grand nombre de demandes de la part des internautes.
Une approche qui divise
En Egypte, les questions liées au sexe sont très souvent tabous. La youtubeuse le sait et estime que dans son pays, « beaucoup considèrent le sexe comme honteux, presque comme un crime. » Si le Maroc et l’Arabie Saoudite se joignent au public égyptien, venu en masse visioner les vidéos d’Aliaa Gad, cette dernière confie toutefois ne pas toujours être la bienvenue dans ces différents pays. «En mars dernier, j’ai été invitée par une chaîne saoudienne à participer à un débat en duplex à l’occasion de la journée de la femme. Le sujet ne concernait pas du tout la sexualité, je devais uniquement parler de la participation de la femme dans la vie politique.» raconte-t-elle. Et de poursuivre : «Pourtant, j’ai été violemment attaquée sur les réseaux sociaux. J’ai reçu des milliers de messages d’insultes sur Twitter. Un internaute a même dit que le symbole féminin qui apparaît sur mon site était le signe des francs-maçons. La chaîne saoudienne a été obligée de supprimer l’émission de son site Internet après cet incident.»
Aujourd’hui Aliaa Gad est confrontée aux tabous imposés par certaines sociétés sur des questions sensibles liées à la sexualité, mais son succès grandissant prouve pour autant tout le questionnement des citoyens de ces mêmes pays. La youtubeuse confie vouloir changer les mentalités dans le monde arabe, tout en assurant ne pas chercher «à casser les traditions locales.» « Je cherche juste à transmettre le message selon lequel le sexe est une belle chose et qu’il ne faut avoir honte d’en parler et de le pratiquer.» conclut-elle.
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