« L’Orchestre des aveugles » du Marocain Mohamed Mouftakir a remporté samedi le Tanit d’or, récompense suprême des Journées cinématographiques de Carthage (JCC) assombries cette année par un attentat meurtrier contre les forces de l’ordre à Tunis. Le Tanit d’argent a été décerné à « The Endless River » d’Oliver Hermanus (Afrique du Sud), tandis que le Tanit de bronze est revenu à la Tunisienne Leyla Bouzid pour « A peine j’ouvre les yeux ». « Much Loved » du Franco-Marocain Nabil Ayouch a reçu le Prix du Jury. Le film, interdit au Maroc et pour la première fois projeté au Maghreb pendant les JCC, a suscité un vif engouement, certains spectateurs faisant la queue durant des heures pour le voir.
Festival sous haute protection
La cérémonie, présentée par le célèbre animateur et satiriste égyptien Bassem Youssef, s’est tenue sous haute protection au théâtre municipal de Tunis, à quelques centaines de mètres du lieu de l’attaque suicide qui a tué le 24 novembre 12 agents de la garde présidentielle. Il s’agit du troisième attentat majeur à être revendiqué par le groupe Etat islamique (EI) en Tunisie cette année: le premier avait tué 22 personnes, dont 21 touristes, au musée du Bardo à Tunis en mars, le deuxième 38 touristes en juin à Sousse dans l’est du pays.
« Dans nos coeurs, nous ne ressentons pas la même joie que d’habitude, mais (le festival est) un défi à ces gens qui ont la culture de la mort », a lancé à la télévision publique avant le début de la cérémonie la cinéaste et ancienne députée tunisienne Salma Baccar. Le directeur du festival, Ibrahim Letaïef, avait dit à l’AFP après l’attentat qu’il n’était pas question d’interrompre l’évènement parce que « c’est la seule manière de répondre à ces actes barbares ». Les horaires des projections ont toutefois dû être aménagés en raison du couvre-feu nocturne imposé dans le Grand Tunis « jusqu’à nouvel ordre ». « Nous étions sûrs que le public allait nous suivre », a-t-il dit samedi.
« Nous n’allons pas avoir peur. Voici le message » de cette édition, a affirmé de son côté l’actrice tunisienne Hend Sabri. « Nous sommes ici, il y a le couvre-feu (tout à l’heure) mais nous sommes là ». De nombreux invités en tenue de gala ont brandi des drapeaux tunisiens sur le tapis rouge. L’avenue Habib Bourguiba, l’artère principale de Tunis où se trouve le théâtre, a été en grande partie fermée aux véhicules. Des policiers en uniforme ou en civil avec des brassards rouges montaient la garde tandis que les piétons étaient fouillés à l’entrée principale de l’avenue.
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