Détails sur le plan de restructuration de Inwi

Le 3e opérateur télécoms s’engage sur une nouvelle feuille de route. Le départ de Fédéric Debord et la nomination de Nadia Fassi Fehri signent la fin d'une époque. Décryptage.

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La tension est palpable chez le 3e opérateur télécoms du pays. Un plan de restructuration est sur les rails avec, à la clé, une réorganisation de l’organigramme. A l’origine de ce chantier, l’arrivée de Nadia Fassi Fehri à la tête de Wana Corporate. Ses conditions de prise de fonction, le 17 juin dernier en tant que PDG, soulignent la particularité de la situation. Le jour même de sa nomination, elle intègre l’entreprise et s’installe dans le bureau luxueux de Frédéric Debord, toujours directeur général délégué de l’entreprise. L’accueil est froid. «Debord l’informe de l’état défectueux de la porte des WC, mais cette absence d’intimité ne l’a pas dérangée », raconte-t-on pour l’anecdote. Elle plonge alors dans les dossiers et prend les commandes. Depuis son installation, la gestion opérationnelle est de son ressort. Celle qui a établi sa réputation de manager à FC Com, la société du secrétaire particulier du roi, Mohamed Mounir Majidi, décide d’emblée de couper dans les budgets, notamment ceux alloués au sponsoring et à la communication. « Il s’agit de recadrer les dépenses en fonction des besoins du marché. Des cibles fixées désormais par une feuille de route qui tient compte des changements d’audience par rapport aux enjeux de l’opérateur », confie une source chez Inwi. L’entreprise vit désormais au rythme des instructions de la nouvelle présidente.

Quatre mois après l’arrivée de Nadia Fassi Fehri, la nouvelle du départ de Debord n’étonne personne. Ce dernier présente sa démission au conseil d’administration de Wana Corporate le 18 septembre, «estimant que sa mission était terminée avec le lancement de la 4G », peut-on lire sur le communiqué officiel. Ce pur produit de l’opérateur français Orange, recruté en 2010 par Hassan Bouhemou, alors président du holding royal SNI, se sentait-il sur un siège éjectable depuis le départ de son protecteur en septembre 2014? « Depuis quelques mois, il lui a été demandé de remettre sa démission. Ce qu’il a refusé, désirant négocier les modalités financières de son départ », raconte une source proche de l’ancien dirigeant. Au sein de la filiale de la SNI, la version est différente: « Pour un expatrié, la durée dans un poste à l’étranger est toujours limitée. Il a su partir au bon moment ».

La nécessaire restructuration

Ce départ a enclenché une procédure de restructuration du capital humain de l’opérateur. Une vision que Nadia Fassi Fehri a amenée dans ses valises. La nouvelle stratégie se manifeste par une vague de nominations et de démissions. Dernier départ en date, celui de Constance Capdenat, numéro 2 du groupe et bras droit de Frédéric Debord. Elle occupait les fonctions de directrice marketing, communication et digital. Ce poste est à présent confié à deux personnes: Denis Nicolas est nommé à la tête du département marketing et digital et Nadia Rahim récupère la communication. Cette nouvelle configuration s’explique par des considérations stratégiques. « L’opérateur emprunte un virage vers le data et le développement de contenu. Ce qui nécessite de faire appel à d’autres compétences », souligne-t-on chez Inwi. Toutefois, la place se fait l’écho du déclenchement d’un plan social. On parle même d’« une chasse à l’étranger ». Les départs des expatriés auraient donné lieu à de féroces négociations financières. Argument rapidement réfuté par l’opérateur. « Il n’en est rien. Inwi est une institution vivante et dynamique », affirme notre interlocuteur.

Dans le collimateur des auditeurs

Cette valse des managers s’expliquerait en partie par les résultats d’un audit réalisé, début 2014, au sein des filiales de la SNI. Deux d’entre elles sont particulièrement pointées du doigt : Marjane Holding et Wana Corporate. Mais c’est la situation financière d’Inwi qui est la plus préoccupante. Et ce n’est pas la première fois que la gestion des finances de l’opérateur télécoms est décriée. Déjà, en 2010, Karim Zaz et Saâd Bendidi en avaient fait les frais. Les fonds injectés dans les infrastructures n’ont pas permis de redresser les finances de l’entreprise. Sept ans plus tard, l’opérateur télécoms traîne encore des casseroles. « Lorsque Hassan Ouriagli prend les commandes du holding royal, il tombe sur le rapport d’audit, dont les conclusions seraient mauvaises pour l’opérateur», assure une source bien informée. Toujours est-il que dans le secteur des télécommunications, le nerf de la guerre demeure l’investissement. Des sources proches du dossier rapportent que l’opérateur koweïtien Zain, actionnaire à hauteur de 31%, serait sollicité pour accompagner le développement d’Inwi. Cette hypothèse est démentie par le management. « Pour l’instant, il n’y a pas eu d’échange officiel avec Zain », confirme-t-on à Wana. L’avenir de Wana c’est en Afrique qu’on l’imagine déjà.

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