Décompensation du sucre: Vers une subvention mensuelle dégressive ?

La suppression de la subvention sur le sucre sera opérée en 2016, sauf surprises de dernière minute. Plusieurs scénarii sont à l’étude. Deux pistes sont probables : augmentation mensuelle progressive des prix ou ciblage des produits à décompenser.

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Le gouvernement est déterminé à parachever la réforme de la compensation. Après la décompensation du gasoil qui prendra fin en décembre prochain avec la libéralisation totale des prix à la pompe, il s’attaquera en 2016 au sucre.

Une décision bien plus difficile car elle touche un produit « de première nécessité » dans le panier de la ménagère. La consommation nationale du sucre blanc sera en 2015 de 1,22 millions de tonne selon les prévisions de la caisse de compensation.

Plusieurs scénarii

La communication autour de la décompensation se fait donc avec des pincettes. Le projet de loi des finances ne l’évoque pas.  Le budget prévoit une enveloppe de 15,5 milliards de dirhams dédiée à la subvention du gaz butane, au sucre et à la farine de blé tendre.

« On s’est mis dans le scénario où aucune décompensation n’est prévue », explique à Telquel.ma Mohammed Boussaid, ministre de l’économie et des finances. « Mais il faut continuer à chercher un moyen de transformer le soutien des prix de certains produits vers le soutien des services », affirme-t-il.Vers quel scénario se dirige-t-on donc ? Subitement, les langues se nouent. Il n’est pas question de précipiter les choses.

Mais, selon des sources proches du dossier, plusieurs pistes sont sur la table dont deux se dégagent du lot. La première piste serait d’aller vers un système de subvention dégressive comme ce fut le cas pour le gasoil. Cela se traduira selon notre source par des augmentations mensuelles des prix. La seconde piste favoriserait la suppression de la subvention pour certains produits et pas d’autres.

Les plus riches se sucrent

L’idée du gouvernement est désormais claire. Il n’est plus question de continuer à subventionner un produit alors que l’aide ne bénéficie pas aux citoyens qui en ont le plus besoin. Un rapport du conseil de la concurrence sur la question avait clairement démontré que « les catégories aisées de la population consomment plus de sucre et donc bénéficient davantage des subventions que les catégories défavorisées ». Selon les données du Haut Commissariat au Plan, reprises par le conseil, « les pauvres » ne représentent que 4,9%  de la consommation globale du sucre. « Les moins pauvres », pour reprendre les termes l’organisme public, raflent les 95,1% restant.

Il est aussi remarqué que la subvention du sucre a un effet pervers. Elle favorise un marché parallèle. « Le sucre marocain se retrouve sur le marché mauritanien et des fois même algérien », affirme une source. La Cour des comptes, qui s’est également penché sur la question de la compensation, a soulevé que les prix pratiqués au Maroc sont largement inférieurs à d’autres pays à un niveau de développement comparable ou inférieur. A titre indicatif, le prix du granulé est de 4,6 dirhams au Maroc contre 10,2 dirhams en Algérie, 9,9 dirhams en Egypte et 8,9 dirhams en Mauritanie.

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