Passer du français à la darija, de la darija au français. Un exercice en apparence banal qui se répète à longueur de conversation. Pourtant, ce changement de langue pourrait être beaucoup moins anodin qu’il n’y paraît. Les résultats d’une étude de chercheurs de l’université de Lancaster, publiés par le Daily Mail, tendent en effet à prouver que les personnes bilingues sont dotées d’une double personnalité.
Les psychologues et linguistes ont étudié le comportement de locuteurs à la fois anglophones et germanophones. En anglais, la plupart se concentraient sur l’action en elle-même tandis qu’en allemand, le contexte devenait beaucoup plus important. Il ressort de cette analyse que les spécificités propres à chaque langue influencent le processus cognitif, c’est-à-dire le raisonnement, la mémoire, la prise de décision, la motricité et même les émotions.
Langue de coeur
Dans le magazine Le cercle psy, François Grosjean, sociolinguiste franco-suisse auteur de Le monde des bilingues, tempèrent les résultats des universitaires britanniques : « Les bilingues adaptent leur personnalité à leur interlocuteur et au contexte, comme nous le faisons tous, au quotidien, que nous soyons bilingues ou pas. Nous nous comportons tous différemment quand nous parlons à notre meilleur ami ou à notre supérieur hiérarchique, et c’est la même chose pour les bilingues. »
Pour Barbara Abdelilah-Bauer, psychosociologue et linguiste interrogée par Madame Le Figaro, « la langue de cœur, qui est la langue maternelle, va renvoyer au domaine de l’affect, de l’émotion » tandis que l’autre langue sera utilisée pour prendre du recul « de manière plus posée pour expliquer des sujets profonds ou du quotidien. »
De précédentes recherches avaient déjà établi que deux tiers des bilingues avaient « le sentiment d’être une personne différente » lorsqu’elles parlaient différentes langues. Mais vous n’êtes pas nécessairement sujet à la schizophrénie si vous êtes bilingue. Au contraire, une étude menée sur les mêmes personnes depuis 1947 par l’Université d’Édimbourg a permis de démontrer que l’apprentissage d’une nouvelle langue permettait de ralentir le déclin de l’activité cognitive en vieillissant.
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