Mbarka Bouaida explique où va l’argent du lobbying pour le Sahara

Mbarka Bouaida s’est expliquée sur l’argent accordé à la société civile, mais les députés réclament davantage de transparence.

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Mbarka Bouaïda. Crédit : Yassine Toumi.

Le Maroc accorde un financement « symbolique » et qui reste insuffisant aux associations qui œuvrent à la promotion de la cause de l’intégrité territoriale. Cette affirmation est de la ministre déléguée aux Affaires étrangères, Mbarka Bouaida qui étaient l’invitée le 21 octobre de la commission parlementaire de contrôle des finances publiques.

La ministre a expliqué que son département, chapeauté par Salaheddine Mezouar, dispose d’une division « diplomatie publique », chargée de la société civile et surtout destinée aux efforts de cette dernière sur la question du Sahara. Mbarka Bouaida a regretté que le soutien reste « symbolique » et se limite généralement a aider par exemple les associations à payer les billets d’avions et les frais d’hébergement des quelques invités, le reste des charges incombant aux parties organisatrices.

Au total, le budget des aides plafonne à 1,5 million de dirhams et bénéficie à une cinquantaine d’ONG, ce qui reste très peu comparé aux moyens dont disposent les « ennemis du Maroc », regrette-t-elle.

« Le ministère ne répond pas favorablement à toutes les demandes de subvention car le budget ne le permet pas », a expliqué la ministre qui a évoqué des critères de sélection, notamment, la crédibilité et l’ancienneté des associations bénéficiaires.

Soft power à travers les bourses

En plus de ces aides directes, le ministère des Affaires étrangères œuvre aussi au « renforcement de la diplomatie culturelle, économique et religieuse », a indiqué Mbarka Bouaida, évoquant un autre volet d’aides destiné cette fois-ci aux missions diplomatiques marocaines et à des structures comme l’Agence marocaine de coopération internationale.

Cette dernière fait un travail de soft power en accordant des bourses à des étudiants étrangers qui viennent faire leurs études au Maroc, sur la base d’accords bilatéraux signés par le royaume avec d’autres pays.

Le nombre d’étudiants étrangers bénéficiaires est de 11 000 au total, à raison de 1 200 en moyenne par an. Ils proviennent de près d’une centaine de pays, dont une moitié sont originaires d’Afrique.

Hasna Abouzaid veut plus de transparence

Les efforts de transparence déployés par la ministre Bouaida n’ont toutefois pas convaincus tous les parlementaires présents. Lors de la séance des débats, les élus ont réclamé une « liste précise » des associations bénéficiaires des subventions et les montants exacts accordés à chacune d’entre elles.

Parmi les voix les plus critiques, celle de la députée USFP Hasna Abouzaid qui a demandé au nom de son parti « de nouveaux critères pour l’attribution des subventions ». La députée a demandé au gouvernement d’apporter « plus de justifications des sommes dépensées ».  Elle évoque un chiffre très au-delà de celui annoncé par Bouaida, affirmant qu’elle l’a déduit du dialogue national sur la société civile qu’avait lancé le ministre El habib Choubani:  « Après plusieurs réunions, nous avons découvert que l’ensemble des montants dont bénéficie la société civile est de 10 milliards de dirhams, en comptant les aides en nature,  mais nous n’arrivons à retracer que 2 milliards. Comment est géré le reste ?» s’est-elle demandée, donnant pour exemple « l’argent provenant du Qatar ».

La députée est allée même plus loin, fustigeant certains aspects de la gestion du dossier du Sahara. « J’ai honte de la manifestation organisée devant l’ambassade de la Suède et des déclaration du ministre de Affaires étrangères Salaheddine Mezouar» , faisant référence aux propos du ministre suite à une entrevue avec son homologue suédoise.

Hasna Abouzaid a aussi considéré que la « politique étrangère doit être construite sur les bases d’une politique intérieure forte (…) Si la cause du Sahara est la cause numéro 1, je considère que la question de la démocratisation est tout aussi primordiale ». La bouillonnante députée a cité des affaires comme celle de Maâti Mounjib et les tracasseries dont se dit victime l’AMDH qui ne servent pas la cause nationale, selon elle.

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