Quel regard portez-vous sur la scène électronique marocaine ?
Un regard de fierté. Quand on a commencé Moroko Loko en 2010, tout le monde s’est moqué de nous. On nous disait : « vous êtes des gens bizarres qui écoutent de la musique bizarre, ça ne va jamais marcher ». Cinq ans plus tard, on est toujours là. En tant que DJ et clubber, j’adore nos fêtes, et les DJ qui viennent de l’étranger adorent aussi. Ils disent que c’est parmi les meilleures fêtes au monde. Donc oui, je regarde cette scène avec fierté et un sentiment d’accomplissement.
Quelles sont les contraintes du milieu de la nuit au Maroc ?
Je ne crois pas que ce soit des contraintes spécifiques au milieu de la nuit, mais plutôt des contraintes du Maroc en général. C’est un pays où l’analphabétisme est encore beaucoup trop fort et où il y a un manque de professionnalisme qui est un frein à la création et au développement. Tu as beau avoir les meilleures idées au monde et essayer d’avancer, tu ne peux pas tout faire tout seul et tu te retrouves avec des gens qui n’ont pas autant envie d’avancer que toi. Au Maroc, il faut toujours prévoir un plan B, voire C, pour que le plan D soit réalisé.
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La techno et la deep house restent pour beaucoup associées à la drogue. À quel point est-ce encore une réalité ?
Historiquement, tous les mouvements musicaux ont été associés à la drogue. Et bien souvent à raison… La deep house, au même titre que ces mouvements, a commencé avec la drogue puis s’est épanouie et s’est élargie auprès d’un public qui ne prend pas de drogue. Ce public se rend compte que le mouvement est intéressant, que la musique est bonne et, petit à petit, le mouvement se détache de sa mauvaise image.
Vous faisiez partie de la liste de Fédération de la gauche démocratique (FGD) pour les élections régionales à Rabat. D’où vient cet engagement ?
Tout Marocain se doit de faire son devoir citoyen qui est de faire avancer ce pays. On a tendance à se plaindre, mais si on ne vote pas et qu’on ne fait rien pour faire avancer les choses, nos complaintes ne valent pas grand-chose. Je me plaignais aussi beaucoup sans vraiment agir et puis j’ai eu la chance de rencontrer Omar Balafrej. Je crois en ce parti, la FDG. J’ai vu toute une équipe de bénévoles faire un travail exemplaire, dans une démarche d’honnêteté, de transparence et de modernisme. À nous, jeunes ouverts sur l’international et sur l’avenir, de travailler dur pour convaincre nos concitoyens qu’il y a une alternative.
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