Il est 10h00, le ciel est gris et l’humidité pesante en ce dernier dimanche du mois d’août à Rabat. Pas de quoi décourager une trentaine de militants de la Fédération de la gauche démocratique (FGD) tous munis de leur vélo sur le parking du Lycée Descartes à Rabat. Les blagues fusent et l’ambiance est bon enfant au sein de ce groupe qui s’apprête à suer pour faire entendre la voix de cette alliance composée du PADS (Parti de l’avant-garde démocratique et sociale), du CNI (Congres national ittihadi) , du PSU (Parti socialiste unifié) et CAC (Mouvement clarté, ambition et courage). C’est d’ailleurs, le président de ce dernier mouvement, Omar Balafrej, qui est la tête de liste de la FGD dans la circonscription d’Agdal- Riad à Rabat pour les communales.
Un tour à vélo
À l’initiative de Kenza Benabderrazik, ingénieure de 26 ans et 10e rang de la liste FGD, les sympathisants de la Fédération s’apprêtent, pour la deuxième fois, à effectuer un tour à vélo dans leur circonscription. « On présente un programme qui se dit à l’avant-garde du développement durable notamment dans la gestion des déchets, la sensibilisation et responsabilisation au développement durable. On voulait également approcher les gens d’une façon différente » explique la jeune femme. Une initiative qui a été reprise par d’autres candidats FGD, mais qui a aussi charmé le PPS (Parti du progrès et du socialisme) qui a lancé sa campagne électorale avec un tour à vélo dans les rues de Temara : « je suis heureuse de voir que cette idée convainc plus de personnes que les militants de la FGD » commente la candidate.
Le directeur du Technopark, Omar Balafrej aussi tête de liste FGD rejoint le groupe de militants, et ils prennent tous la route pour convaincre les électeurs. Dans les rues et avenues de Rabat, les militants en deux roues attirent l’attention des passants qui klaxonnent, non pas par colère, mais par soutien, ou demandent plus d’informations sur la FGD. D’autres militants, embarqués dans l’une des voitures encadrant le cortège de bicyclette, se chargent de distribuer les tracts ou d’expliquer le programme de la FGD.
« Pas besoin d’argent »
Après environ une heure de vélo nous arrivons à Mahaj Riad destination finale de notre parcours. À notre arrivée, de (nombreux) militants du PAM sont déjà présents avec leurs casquettes, parasols ou encore t-shirts à l’effigie du parti au tracteur qui bénéficie du deuxième budget de campagne le plus important de ces élections. Une différence de moyens qui ne semble pas impressionner le candidat Balafrej : « Quand il y’a le cœur, il n’y a pas besoin d’argent. On a des centaines de bénévoles et des amis qui viennent de Tanger et de Casablanca pour venir nous donner un coup de main […] j’ai vu des choses horribles comme des enfants qui sont payés quotidiennement pour distribuer des tracts ».
Tout en arpentant la ligne droite qu’est Mahaj Riad, Omar Balafrej aborde les citoyens et se montre très réactif. Lorsqu’un citoyen remarque que la FGD est l’ « un des rares partis à avoir un tract qui est aussi écrit en amazigh », le directeur du Technopark dégaine son portable pour montrer aux citoyens rassemblés autour de lui, une vidéo de soutien du militant Ahmed Assid.
Réallocation de deniers public pour le bien de tous
Les nouveaux outils de campagne c’est bien, mais qu’en est-il du programme ? Divisé en 30 points, celui-ci annonce notamment la « mise en place de services administratifs modernes », la « remise à niveau de l’espace culturel », un « transport urbain accessible à tous » ou encore un aménagement urbain innovant. Point surprenant : le programme ne contient aucun chiffre. « À part une mesure (la création d’un parking à l’Agdal, ndlr), toutes les propositions du programme ne coûtent rien. Ce n’est que de la réallocation de deniers publics […] Lorsque l’on souhaite ouvrir les terrains de sport des écoles durant les weekends aux clubs sportifs cela ne coûte pas d’argent […] au contraire ça profite à tout le monde […]. Quand on a un centre culturel qui, en plus, s’appelle Mehdi Ben Barka il ne faut pas seulement l’utiliser deux fois par semaine. Pourquoi on ne fait pas comme l’Boulevard ? J’ai tenté l’expérience au Technopark avec le Boultek et ça ne coûte rien, ils se débrouillent très bien. Daba Théâtre qui cherchait des locaux pourrait investir les lieux », propose Omar Balafrej.
Quelle est la stratégie de la FGD, dont certains partisans ont encouragé le boycott électoral par le passé, pour convaincre les citoyens de voter ? « Nous sommes habitués à la gauche qui se scinde et désormais la gauche est unie. Nous avons besoin d’une troisième voie entre le modèle parti style Benali et les islamistes […] C’est un espoir. Un peu plus de 50% de notre liste se demandait, il y’a quelques mois, s’ils allaient voter. On espère gagner pour faire d’Agdal Riad un quartier modèle et générer de l’espoir » s’enthousiasme le candidat. C’est donc armé d’ « espoir », et de leurs vélos que les militants du FGD continuent leur campagne électorale. Se dresse, face à eux, le candidat PAM et président de la Commission des Affaires étrangères au parlement , Mehdi Bensaïd.
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