Deux journalistes français soupçonnés d’avoir tenté de faire chanter le Royaume du Maroc ont été inculpés dans la nuit de 28 au 29 août et mis en liberté surveillée, selon l’agence de presse AFP. Eric Laurent et Catherine Graciet, qui préparaient un livre sur le Maroc, sont soupçonnés d’avoir voulu monnayer la non-publication d’informations gênantes.
Durant sa garde à vue, Eric Laurent a reconnu « avoir formulé une offre de 3 puis 2 millions d’euros au Maroc pour le renoncement de la publication d’un livre compromettant pour le Palais royal » selon le quotidien Le Monde qui cite une source proche du dossier.
Pour rappel, Eric Laurent et Catherine Graciet ont été inculpés de « chantage » et « d’extorsion de fonds ». Ils avaient été arrêtés jeudi à la sortie d’un rendez-vous avec un représentant du Maroc au cours duquel « il y a eu remise et acceptation d’une somme d’argent », selon une source proche du dossier citée par l’AFP.
De son côté, l’avocat de Catherine Graciet, Me Eric Moutet, a confirmé le 28 aout l’existence d’un « deal financier ». Mais pour lui, le contexte est « très troublant »: « Le royaume marocain a des comptes évidents à solder avec Catherine Graciet et un nouveau livre sur l’entourage du roi est en préparation au moment où le deal financier se met en place », a-t-il déclaré à l’AFP.
Début 2012, les deux journalistes avaient publié un livre accusateur contre Mohammed VI, Le roi prédateur. L’édition du journal espagnol El Pais avait été interdite sur le territoire marocain le jour où le quotidien avait publié les bonnes feuilles du livre.
Selon le récit de l’avocat du Maroc, Me Eric Dupond-Moretti, l’affaire a débuté le 23 juillet quand Éric Laurent a contacté le cabinet royal et sollicité une rencontre en disant qu’il préparait un livre. Au cours d’un rendez-vous, il aurait proposé de renoncer à son projet de livre monnayant trois millions d’euros. Le Maroc avait alors déposé plainte à Paris, conduisant le Parquet à ouvrir une enquête. Dans ce cadre, des réunions ont été organisées entre les journalistes et le représentant du roi, sous surveillance policière. Selon Me Dupond-Moretti, les deux journalistes sont sortis du dernier rendez-vous parisien, jeudi, avec « un acompte substantiel de 40.000 euros chacun ».
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