Séance "décisive" pour le dialogue inter-libyen tenue ce lundi au Maroc

Skhirat accueille la dernière rencontre entre les deux camps libyens avant la fin de la mission diplomatique de l'espagnol Bernardino Leon, envoyé spécial de l'ONU. Une mise en accord semble à la fois fondamentale et fragile.

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Manifestation à Bayda en 2011 - Crédit: ليبي صح

Les Parlements rivaux libyens débutent lundi une nouvelle session de négociations au Maroc, présentée comme « décisive »  par l’ONU, qui juge « encore possible de sauver le pays » et espère un accord sur un gouvernement d’union nationale avant le début du ramadan mi-juin. Plongée dans le chaos depuis la chute en 2011 de Mouammar Kadhafi et déchirée par des combats entre milices lourdement armées, la Libye est divisée entre deux autorités qui se disputent le pouvoir. Elle fait face en outre à la montée en puissance du groupe Etat islamique (EI). Le pays compte actuellement deux gouvernements (et Parlements) rivaux:  l’un à Tripoli sous la coupe de Fajr Libya, coalition de milices dont certaines islamistes, et l’autre à Tobrouk, dans l’est du pays, seul reconnu par la communauté internationale.

L’ONU tente depuis des mois de trouver un compromis permettant la formation d’un gouvernement d’union. L’objectif de son émissaire, Bernardino Leon, est désormais de trouver un accord avant le début du ramadan, prévu autour du 17  juin. Un quatrième projet d’accord doit ainsi être soumis à partir de lundi aux  négociateurs à Skhirat, alors que les trois précédentes moutures n’avaient pas convaincu les parties en conflit. » La rencontre permettra de débattre d’un nouveau projet d’accord élaboré à partir des dernières remarques en date des parties », a indiqué vendredi la  Mission d’appui des Nations Unies en Libye (Manul), estimant que que « ce round  serait décisif ». D’après des médias marocains, le dialogue pourrait ensuite être rapidement suspendu 24 à 48 heures pour que les parties se rendent en Allemagne, où le G7 est réuni  lundi. Cette information n’a pas été confirmée de source officielle.

Un point critique

L’ONU a souligné vendredi que les pourparlers étaient arrivés « à un point  critique » et appelé « toutes les parties à prendre leurs responsabilités face à  l’histoire », en rappelant qu’il n’y avait « pas de solution militaire possible ». Parallèlement aux négociations au Maroc, des représentants de différentes  factions libyennes tiennent des discussions périodiques en Algérie. Une nouvelle rencontre a réuni 27 responsables libyens mercredi et jeudi à Alger, en présence de M. Leon. Ils ont appelé les parties « à faire des concessions (…) et à former  rapidement un gouvernement d’union nationale ». « Ce gouvernement doit prendre ses fonctions rapidement pour qu’il puisse s’attaquer aux nombreux défis auxquels fait face la Libye dans les domaines sécuritaires, économiques et politiques », selon le document, dont l’AFP a eu copie.

Le quatrième projet d’accord doit inclure, d’après Bernardino Leon, des  amendements qui viendraient consacrer « le principe de l’équilibre entre toutes  les institutions en Libye et du consensus ». Il est « encore possible de sauver  la Libye », a-t-il clamé. Selon M. Leon, l’ONU est prête à fournir une liste de noms de personnalités libyennes susceptibles d’intégrer un gouvernement d’union nationale dès l’annonce d’un accord.

De lourds enjeux sécuritaires pour la région

Réunis dimanche au Caire, des responsables égyptiens, algériens et italiens ont apporté leur « soutien » aux tractations menées par l’émissaire onusien. Lors d’une conférence de presse, le ministre des Affaires étrangères  italien Paolo Gentiloni a appelé les parties libyennes à « trouver rapidement une solution qui satisfasse toute le monde ». Selon le ministre italien, un accord politique en Libye permettrait notamment de juguler le flux de migrants quittant les côtes de ce pays pour tenter de rejoindre l’Europe. L’Egypte, quant à elle redoute que les milices jihadistes qui occupent une partie de  l’est de la Libye, en particulier celles affiliées au groupe EI, ne mettent en péril sa frontière occidentale, la forçant à ouvrir un second front. L’armée égyptienne combat déjà dans le Sinaï (est) un groupe très actif qui a fait  allégeance à l’EI. L’organisation terroriste, qui a profité du chaos ambiant pour s’implanter en Libye l’an dernier, a pris fin mai le contrôle de l’aéroport international de Syrte (sud).

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