L’interminable report du passage de Benkirane à la chambre des conseillers

Le chef du gouvernement n’a pas tenu de discours à la Chambre des conseillers depuis janvier à cause de trois reports de la séance mensuelle. Explications.

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Abdelilah Benkirane, chef du gouvernement.
Abdelilah Benkirane. Crédit : Yassine Toumi

Depuis le début de l’année 2015, le chef du gouvernement n’a assisté à aucune séance mensuelle des questions orales à la Chambre des conseillers alors que trois de ces séances ont été tenues au sein de la Chambre des représentants.

La première séance au sein de la Chambre des conseillers devait avoir lieu le 28 janvier et a été reportée une première fois au 14 avril. Ce report a fait l’objet d’un autre (20 mai) à cause de la visite du chef du gouvernement en Corée du Sud. Ce mardi 20 mai, le bureau de la Chambre des conseillers a donc décidé de reporter, pour la troisième fois, cette séance mensuelle des questions orales.

« Un report faisant suite à une demande de l’opposition »

« L’opposition a adressé une demande au bureau politique de la Chambre des conseillers qui, après débat avec les présidents des différents groupes, a décidé de reporter cette séance mensuelle au mois de juin », nous confie une source au sein de la Chambre des conseillers. Toutefois, celui-ci a précisé que c’est le bureau qui décide de l’agenda de la Chambre des conseillers et qu’il n’a pas été sous l’influence de l’opposition.

Sur les raisons qui ont poussé le bureau à faire ce choix, notre source affirme que « la Chambre des conseillers ne souhaite pas une séance similaire à celle qui a eu lieu à la chambre des représentants ». Le 28 avril, à l’occasion du premier oral de la session du printemps tenu au sein de la Chambre des représentants, des échanges verbaux virulents ont eu lieu entre l’opposition et le chef du gouvernement, qui a quitté l’hémicycle.

« Benkirane doit montrer l’exemple »

« La demande formulée par l’opposition est une décision politique de la part des différents secrétaires généraux des partis. Nous avons souhaité le report de cette audience jusqu’à ce que les tensions entre l’opposition et le chef du gouvernement s’estompent », nous explique Mohamed El Ansari, président du groupe de l’Istiqlal à la deuxième chambre. Et d’ajouter que « les Conseillers ne souhaitent pas une séance qui va virer vers des disputes ».

Même son de cloche du côté de Hakim Benchemass, président du PAM à la Chambre des conseillers. « Nous attendons que le conflit soit apaisé. Nous ne voulons plus de débats politiques de bas niveau. Il faut que nous puissions discuter avec le chef du gouvernement des sujets de fond et l’interpeller politiquement sur les décisions que le gouvernement prend », nous confie-t-il. Celui-ci attend également du chef de gouvernement qu’il « montre l’exemple dans la mesure où c’est le deuxième homme du pays ».

L’opposition est-elle désarmée devant Benkirane ?

Toutefois, ces arguments avancés par l’opposition ne semblent pas faire l’unanimité. « Nous sommes contre ce report et les raisons avancées par ces partis ne sont pas convaincantes », nous indique Mohamed Daidaâ, président du groupe fédéral FDT à la Chambre des conseillers (qui fait lui aussi partie de l’opposition). Pour lui, les partis de l’opposition demandent exprès des reports de cette séance car « ils ne sont plus en mesure d’affronter le chef du gouvernement ».

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