Pour Jettou, le budget récupère à peine de la catastrophique année 2012

L’année 2012 a été marquée selon Driss Jettou par une augmentation de la masse salariale, une amplification du déficit budgétaire, et un creusement de la dette de la trésorerie.

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Driss Jettou
Driss Jettou, premier président de la Cour des comptes. Crédit : DR.

Lors de son intervention au parlement le 6 mai à l’occasion de la présentation du rapport sur les travaux du parlement, le président de la Cour des comptes est revenu sur l’année budgétaire 2012. Une période qualifiée de « hors norme » dans la mesure où la masse salariale a atteint 11,7% du PIB, soit 96 milliards de dirhams. Un chiffre en augmentation de 13% par rapport à l’année 2011. L’année 2012 a également été marquée par une amplification de la dette du Trésor, qui avait atteint 493,7 milliards de dirhams, en hausse de 62,8 milliards de dirhams par rapport à 2011.

La dette publique se creuse de manière inquiétante

Quant à la dette publique du Maroc, le président de la Cour des comptes pointe du doigt le fait que le gouvernement a procédé à des emprunts intérieurs et extérieurs. Des emprunts qui ont contribué au creusement de la dette publique qui est passée de 678 milliards de dirhams en 2013 à 743 milliards de dirhams atteignant 81% du PIB.

Laxisme dans les politiques publiques

Par ailleurs, le président de la Cour des comptes a révélé qu’il existe plusieurs défaillances dans les secteurs de la santé et de l’habitat. Concernant celui de la santé, il a indiqué que le ministère manquait d’une vision claire en matière d’infrastructures. « 151 établissements pour les soins fondamentaux sont déjà prêts mais ne sont pas encore ouverts aux patients », a-t-il détaillé.

En matière d’habitat, il remarque « une nette diminution de la qualité des logements sociaux, surtout ceux qui entrent dans le programme ville sans bidonvilles, qui ont connu des retards de livraison, ce qui n’a fait qu’augmenter le nombre de bidonvilles ». Il s’en est pris également au groupe immobilier Al Omrane qui, selon lui, n’a pas respecté ses engagements dans la mesure où les logements construits ne constituent que 32% du chantier que le promoteur immobilier avait promis en 2013.

Le président de la Cour des comptes a également pointé du doigt le recul de la compétitivité du royaume dans certains segments traditionnels. L’ancien chef du gouvernement a indiqué que la concurrence du Maroc  « dans les domaines de l’exportation, du tourisme, et de l’attractivité des investissements » est devenue rude. Il a ainsi appelé à la mise en place d’une nouvelle politique de promotion économique nécessitant « une restructuration intelligente des établissements en les regroupant selon les grands pôles, investissement, tourisme et export ».

Réussite des politiques gouvernementales

Au rayon des « bonnes nouvelles », Driss Jettou a noté une réduction du déficit budgétaire, qui est passé de 7,4% du PIB en 2012 à 4,9% en 2014. Une amélioration qui s’explique par « le résultat de certaines mesures gouvernementales qui ont permis d’améliorer les recettes et de stabiliser les dépenses ».

Le budget national a également pu bénéficier de la manne issue de l’opération de contribution libératoire, qui a atteint les 2,3 milliards de dirhams en 2014. Autre réussite pour le budget national selon Driss Jettou, le processus de désindexation des prix des hydrocarbures qui a permis la réduction des dépenses de compensation. « Cette désindexation a permis la réduction les dépenses de cette caisse (de compensation, ndlr) pour se stabiliser autour de 32,6 milliards de dirhams », a précisé le président de la Cour des comptes.

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