Elle est déterminée à briser le plus haut des plafonds de verre en devenant la première femme à diriger les États-Unis: c’est dans une vidéo sur son site hillaryclinton.com puis dans un tweet qu’Hillary Rodham Clinton, 67 ans, ancienne Première dame, sénatrice et secrétaire d’Etat, a officialisé sa seconde candidature aux primaires démocrates, après sa défaite de 2008 contre Barack Obama.
« Je suis candidate à la présidence», y déclare-t-elle, debout et souriante dans ce qui ressemble à une rue paisible, dans un clip d’un peu plus de deux minutes où témoignent des Américains de la classe moyenne: une jeune mère de famille, un jeune couple noir, deux frères hispaniques, une étudiante, un couple d’hommes, un ouvrier…
«Les Américains se sont battus pour surmonter les difficultés économiques. Mais ceux qui sont au sommet sont toujours favorisés», poursuit Hillary Clinton. «Les Américains de tous les jours ont besoin d’une championne. Je veux être cette championne». «Je pars sur le terrain pour gagner votre voix», ajoute-t-elle enfin, adoptant un ton d’humilité. Le ton tranche avec son annonce de 2007, quand elle annonçait qu’elle se lançait «pour gagner».
Elle passera les six à huit prochaines semaines à «parler aux électeurs», selon un communiqué de sa campagne, et elle organisera son premier meeting avec son premier discours en mai.
Son adversaire d’hier, Barack Obama, est aujourd’hui l’un de ses alliés, son «ami». «Elle ferait une excellente présidente», a déclaré le président américain samedi 11 avril depuis le Panama.
Cette fois, le chemin de l’investiture est dégagé. Aucun autre démocrate n’est à ce stade plus connu, ni plus apprécié qu’elle, à en croire les sondages qui placent Hillary Clinton à environ 60% des intentions de vote des primaires, qui commenceront au début de l’année prochaine. La présidentielle aura lieu en novembre 2016.
Si d’autres démocrates se lançaient, ce serait sans réel autre espoir que de faire bonne impression pour être recruté comme colistier. Aucune personnalité d’envergure, comme le vice-président Joe Biden ou la sénatrice Elizabeth Warren, ne s’est déclarée. Seuls deux démocrates peu connus (l’ex-gouverneur Martin O’Malley et l’ex-sénateur Jim Webb) semblent décidés à la concurrencer.
Nouveau visage
Son CV est à la fois sa force et son talon d’Achille. La vie d’Hillary Clinton est indissociable du pouvoir: ancienne Première dame, sénatrice et chef de la diplomatie.
Quand ses rivaux républicains ont à peine fait quelques voyages à l’étranger, elle a rencontré des dizaines de présidents, Premiers ministres et rois, et jonglé avec les crises, de la Libye à la Russie. Aucun autre candidat n’a vécu pendant huit ans à la Maison Blanche.
Mais cette riche expérience s’accompagne d’erreurs et d’affaires, dès les premières années des Clinton au pouvoir. Bill Clinton fut élu gouverneur de l’Arkansas en 1978.
Les républicains piochent inlassablement dans la litanie des scandales, de Monica Lewinsky aux attaques de Benghazi à la récente découverte de la messagerie privée d’Hillary Clinton, pour déclarer que les Américains veulent tourner la page et élire un nouveau visage.
«C’est comme si les Clinton pensaient être au-dessus des lois», a déclaré dimanche sur CNN Rand Paul, candidat républicain à l’investiture.
Quel programme?
En politique étrangère, le bilan des années Obama-Clinton est, selon les républicains, un échec, avec l’émergence de l’organisation Etat islamique, les guerres civiles en Syrie et en Ukraine et le chaos yéménite.
«Nous devons faire mieux que la politique étrangère d’Obama et Clinton, qui a affaibli les relations avec nos alliés et enhardi nos ennemis», a déclaré le candidat officieux à l’investiture républicaine Jeb Bush, 62 ans, dans une vidéo diffusée quelques heures avant.
Tel est le défi d’Hillary Clinton: reprendre le flambeau démocrate sans proposer aux Américains un troisième mandat Obama. Ses conseillers entendent casser son image d’héritière politique, investie dans les affaires du monde, en la faisant comme redescendre sur Terre, humble candidate à l’écoute des Américains moyens. L’Iowa, l’Etat qui lancera la saison des primaires, pourrait servir de premier test dans les prochains jours.
Il est rare qu’un parti gagne trois élections présidentielles successives: il faut remonter à George H. W. Bush en 1988 pour les républicains, et à Franklin Roosevelt et Harry Truman dans les années 1940 pour les démocrates.
Côté républicain, par contraste à la course démocrate, la concurrence est rude. Deux candidats se sont officiellement déclarés, les sénateurs Ted Cruz et Rand Paul, et jusqu’à une dizaine d’autres envisagent de se lancer.
Par Ivan Couronne
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous
Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer