Hek Lili Nifi: United colors of Barbapappa

La vidéo parodique Hek lili Nifi explose tous les records d’audience sur YouTube et fait le buzz sur les réseaux sociaux. Zoom sur un phénomène viral.

Par

Capture d’écran Youtube
Capture d’écran Youtube

Ils sont plus de 3,5 millions à avoir regardé ce clip qui est le phénomène du début de l’année sur YouTube. Hek lili Nifi  tourne aussi en boucle sur les radios et vient de faire son entrée dans les clubs et les discothèques. À l’origine, le duo nigérian P-Square sort une chanson, Shekini, en septembre 2014. Le single enflamme les dance-floors du monde entier avant de s’installer comme un succès incontournable sur les ondes marocaines. Mais voici qu’en ce début d’année 2015, la chanson connaît une nouvelle vie au Maroc, grâce à Barbapappa, un collectif disjoncté qui la rebaptise Hek lili Nifi, et la transforme en quelques heures dans un studio du quartier Maârif à Casablanca.

De Lagos à Maârif

« Après une journée de travail, on a l’habitude de se retrouver au studio avec Badr pour écouter du bon son et décompresser. Quand il a calé Shekini de P-Square, on a été happés par le rythme et les paroles qu’on ne comprenait pas, mais qui sonnaient très marocains. Nous avons commencé à inventer des mots. En quelques heures on avait le texte en darija et en amazigh », raconte Ali Melouk, 27 ans, producteur et réalisateur. Il est le fondateur du collectif composé d’un noyau dur d’anciens  potes : le producteur Hamza Mouaffik, le compositeur Badr El Makhloufi, Hamza El Maliki–celui qui porte la barbe dans le clip –, le chanteur Maya, sans oublier plusieurs amis invités au gré des projets. Quand il commence à délirer sur Shekini, Ali Melouk ne se doute pas qu’il vient de tomber sur un bon créneau. Pour « marocaniser » le morceau original, il peut compter sur Badr El Makhloufi, le Monsieur son du collectif. « Vu que le son de P-Square collait parfaitement  avec les rythmes de la musique amazighe, il  ne restait plus qu’à coller des samplings de musique soussie. Tout a été très vite et au bout de trois jours d’arrangement et de mixage, Hek lili Nifi était dans la boîte », nous explique Ali. Tablant sur un million de vues sur Internet, il décide de tourner un clip pour permettre à la parodie de décoller. Le tournage a lieu aux anciens abattoirs de Casablanca, où sont conviés une quarantaine de personnes dont plusieurs amis d’Afrique noire. « C’est un clip qui ne nous a rien coûté puisque nous avons utilisé le matériel et les caméras de notre boîte de production », précise Ali.

Casser la baraque

Quand on l’interroge sur l’origine du nom du collectif, Ali nous parle de Shopper le renne au nez bleu, un manga culte dont il est fan depuis sa plus tendre enfance. « Ce renne rejeté par son groupe trouve refuge dans l’imagination et une seule chose lui fait plaisir, c’est manger de la barbe à papa. D’où le nom du collectif », explique Ali, qui jure n’être sous l’emprise d’aucune substance illicite. Après des études de communication, il est parti en France en 2012 pour décrocher une licence en cinéma. « J’ai voyagé dans plusieurs pays du monde et j’ai toujours trouvé que le Maroc est un pays où il y a une joie de vivre particulière, malgré le blues qui habite parfois les jeunes. Avant de rentrer définitivement au pays il y a deux mois, j’ai décidé de créer ce collectif », raconte Ali. Barbapappa ne tarde pas à réussir le pari de balancer sur les bandes passantes des vidéos virales, entre création musicale, ironie, danse, pastiche et bonne humeur. Fin décembre 2014, ils lancent une parodie du succès planétaire Jugni Ji. Un premier essai qui laisse à désirer techniquement mais dont le clip réalise vite plus d’un million de vues. Les petits surdoués du YouTube marocain commencent à faire la tournée des médias pour parler de leurs projets. Comme ces deux parodies qui ont été tournées en partie à l’étranger et ont mobilisé de gros moyens. Mais est-ce que ça rapporte d’être le roi du buzz ? Pour Ali, la réponse est « oui mais pas maintenant ». « Nous avons été approchés par des sociétés de télécommunication et de publicité, mais nous n’avons encore donné notre accord sur aucun projet. La seule commande que nous avons pour le moment consiste en trois shows payés à 50 000 DH chacun, que nous allons jouer dans de grandes surfaces », confie-t-il. C’est que le collectif ne veut pas s’égarer dans une démarche artistique incertaine. « Nous travaillons sur une sitcom, révèle Ali. Nous sommes en phase d’écriture et c’est notre grand projet. Les parodies sont un prétexte pour garder l’état d’esprit du groupe dans la joie et la bonne humeur ».

Rejoignez la communauté TelQuel
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous

Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer