Corruption: trop peu de protection pour les dénonciateurs?

Transparency Maroc a enregistré moins de réclamations ces deux dernières années. Pour l'ONG, les lanceurs d'alerte ne se sentent pas en sécurité.

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Le Centre d’assistance juridique anti-corruption (CAJAC) de Transparency Maroc vient de rendre public son rapport annuel 2014. Ses services ont reçu 736 réclamations l’an dernier, contre 972 l’année précédente, et encore davantage en 2012. Pour Abdessamad Saddouq, secrétaire général de l’ONG, « cela est sans doute lié au sentiment général du manque de protection des dénonciateurs et lanceurs d’alerte. Un mauvais signal a été envoyé lors du procès des primes des finances [ des primes échangées entre fonctionnaires au sein du ministère des Finances, ndlr ] ».

Hasard du calendrier, la loi instaurant une nouvelle Instance nationale de probité et de lutte contre la corruption (INPLC) vient d’être adoptée. Mais cette dernière,  contrairement à ce que certains députés demandaient, n’a pas le droit d’auto-saisine et l’anonymat des dénonciateurs ou lanceurs d’alerte n’est pas assuré.

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Abdessamad Saddouq estime que la baisse des plaintes serait également due au «peu de réactivité de l’administration par rapport aux plaintes déposées » et ajoute : « Les gens doivent se dire ‘ à quoi bon ? ‘ ». Dans son rapport, le CAJAC liste en effet les courriers envoyés en 2014 aux différentes administrations mises en cause. Sur 34 courriers (sans compter les relances), seuls quatorze ont trouvé une réaction écrite ou orale de l’administration.

Parmi les dossiers ouverts par l’organisme, 23 % concernent les autorités locales et provinciales et 13 % la santé. Le rapport évoque par exemple le cas d’un infirmier qui aurait demandé de l’argent aux patients pour leur donner un rendez-vous. Viennent ensuite les communes rurales, les transports, la police, la justice et la gendarmerie.

Plus de 75 % des plaignants sont des hommes

La plupart des plaignants contactent le CAJAC par téléphone. Ils sont souvent victimes, mais aussi donneurs d’alerte ou témoins. Ils dénoncent dans 68 % des cas des actes de corruption, mais pas seulement. Trafic d’influence, abus de pouvoir, manque de transparence et détournement de fonds publics sont aussi épinglés. Chiffre surprenant relevé dans le rapport : plus de 75 % des personnes concernées sont des hommes.

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