« Femmes de l’Etat islamique. Manifeste et étude de cas », ou comment instruire les femmes et futurs femmes de combattants jihadistes selon la brigade féminine Al-Khansa, basée à Raqqa (en Syrie). Le texte, traduit en anglais le 5 février par Quilliam Foundation, un think-tank britannique spécialisé dans la lutte contre l’extrémisme, a été publié le 23 janvier selon le site d’information britannique BBC. L’Etat islamique n’a pas encore réagi à cette publication.

Initialement destiné aux femmes venant principalement d’Arabie Saoudite, le « manifeste » n’était pas destiné à être traduit, selon l’auteur de la traduction, Charlie Winter. En cause ? Son caractère profondément conservateur: les idées défendues dans ce « manuel » sont sensiblement différentes de l’image guerrière de la femme, illustrée par la brigade Al-Khansa et destinée à inciter des musulmanes occidentales à rejoindre le jihad. Rappelons qu’environ 10% des occidentaux qui ont rejoint le groupe Etat islamique sont des femmes.

Mariée dès neuf ans

Selon ce « manuel », les femmes sont aptes au mariage dès neuf ans, et les jeunes filles « pures » doivent forcément être mariées avant 16 ou 17 ans. Une fois mariées, celles-ci sont censées rester cloitrées à la maison, voilées intégralement et obéir docilement à leur mari. Le « guide » note les exceptions: une femme peut sortir de chez elle quand elle suit des études de théologie, si elle exerce le métier de médecin ou de professeur (les deux métiers qu’une femme peut pratiquer) ou exceptionnellement,  si elle va au combat, quand la situation est désespérée.

Même enfermée chez elle, la femme de l’Etat islamique doit être éduquée, apprendre la couture, la cuisine et surtout, la religion, selon ce texte. Un peu mais pas trop: « idéalement l’éducation pour les filles doit commencer à sept ans et se terminer à quinze ans ou un peu plus tôt».

« Une vie sédentaire ordonnée par Dieu »

Maquillage et artifices esthétiques ? Condamnés car considérés comme l’œuvre du diable. Le modèle de la femme occidentale est fustigé, notamment le principe d’égalité entre les sexes, «les femmes n’ont rien à gagner de l’idée de leur égalité avec les hommes à part des épines». En ce qui concerne le jihad, il est possible mais pas recommandé car le rôle de la femme est « sédentaire ». « Dieu a ordonné cette vie sédentaire aux femmes, et il ne peut en être autrement car Il sait ce qui est bon et ce qui ne l’est pas », justifie le manuel.

« Le document exagère et ne représente pas une vision totalement fidèle de la réalité, mais il s’agit bien d’un traité conceptuel de ce que devrait être la vie, et c’est une chose à laquelle nous n’avions encore pas eu accès, en tout cas en anglais« , pondère Charlie Winter. Avis aux amateurs.

La brigade Katibat El Khansa a été créée en juin 2014: le groupe a pour fonction de contrôler l’application de la charia par les femmes, notamment  à Raqqa et dans la province d’Al Anbar en Irak.