Le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) a remis, le 4 février à Rabat, à la famille de Belkacem Ouazzane, victime d’une « disparition forcée » pendant les années de plomb, un rapport d’expertise génétique prouvant que les restes retrouvés près de l’ancienne prison d’Agdz sont effectivement ceux du défunt.
Cette démarche intervient dans le cadre de l’exécution des recommandations de l’Instance équité et réconciliation (IER), notamment sur la nécessité de faire la lumière sur le sort des disparus, indique un communiqué du CNDH, précisant que les investigations de l’IER ont abouti à la découverte de la tombe de Belkacem Ouazzane, dans un cimetière près de l’ancienne prison d’Agd, en 2006. La commission de suivi, créée à l’issue du mandat de l’IER, a procédé à l’exhumation des restes de la dépouille et a soumis des échantillons à l’expertise d’un institut français spécialisé dans les analyses génétiques basé à Nantes (Institut génétique Nantes Atlantiques), qui a affirmé que les composantes génétiques de ces restes sont conformes à celles des membres de la famille du défunt.
Le rapport a été remis en présence des fils du défunt, Abdelkerim et Omar Ouazzane, de l’avocat de la famille, le bâtonnier Abderrahmane Benomar et d’une délégation d’acteurs œuvrant dans le domaine des droits de l’Homme.
Acquitté, il est enlevé à l’intérieur de sa prison
Né en 1924 à Figuig, Belkacem Ouazzane est arrêté le 17 avril 1973 à proximité des frontières algéro-marocaines, limitrophes de la ville de Figuig, avec d’autres membres du réseau socialiste révolutionnaire Tanzim, accusés d’avoir fomenté « le complot du 3 mars » . Il est transféré au centre de détention secret de l’aéroport d’Anfa à Casablanca, surnommé « Corbis », puis au centre de Derb Moulay Chérif dans la même ville et ce jusqu’en juin 1973, date de son incarcération à la prison centrale de Kénitra.
Le 30 août 1973, le Tribunal militaire permanent des Forces armées royales de Kénitra le déclare innocent. Le même jour, Belkacem Ouazzane est kidnappé à l’intérieur de la prison. Il est porté disparu depuis cette date.
Selon l’IER, « il a été aperçu dans le centre secret de détention de Témara où il aurait passé une année environ, puis au centre de Tagounit où il serait resté deux années avant d’être transféré au centre d’Agdz en compagnie d’un groupe de détenus, où il aurait rendu l’âme« .
Son fils, Abderrahim Ouazzane, avait, d’ailleurs, témoigné lors d’une audition publique des victimes des violations passées des droits de l’homme qu’a connues le Maroc entre 1956 et 1999, initiée par l’IER, le 29 janvier 2005 à Figuig. Il s’agit de la troisième audition du genre après celles de Rabat. Un centre « Belkacem Ouazzane pour la préservation de la mémoire », a été réalisé par l’association Annahda à Figuig.
Rappelons que les investigations de l’IER ont élucidé 742 cas de disparitions, et identifié 592 personnes tuées pendant les années de plomb, mais que l’association marocaine des droits humains (AMDH) estime le nombre de morts à au moins 3000.
Avec MAP
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