A l’occasion d’une rencontre officielle avec le président algérien Ben Bella à la station balnéaire Essaïdia afin de « dépassionner les problèmes algéro-marocains », Hassan II a accordé au journaliste Francis Mercury un entretien exclusif à Rabat, publiée le 18 janvier sur le compte YouTube FAR Maroc. « Je ne pense pas qu’avec le président Ben Bella le problème ait pu revêtir un aspect aussi grave pour un changement radical de notre attitude politique », rassure Hassan II. Et de tempérer : « Nous restons les uns et les autres attachés à nos doctrines et à nos principes ». Pour Hassan II, « l’Algérie, le Maroc et la Tunisie sont des pays complémentaires » mais « s’ils s’ignorent les uns les autres, la concurrence que nous faisons sera négative et fera qu’aucun des trois pays ne retirera les bénéfices de ce qu’on fait ».
« La présence française au Maroc fut quantitative, nous la voulons qualitative »
Dans un deuxième temps, Hassan II évoque le retour définitif de certains Français du Maroc, quelques semaines après la promulgation de la loi d’unification des tribunaux, qui instaure notamment la marocanisation du personnel. « Cela tend à une conversion naturelle de la présence française au Maroc, elle fut quantitative, nous la voulons qualitative », analyse Hassan II. « Il y a des Marocains qui sont aptes à reprendre la place de ces Français », assure-t-il en évoquant certaines activités tenues par les Français qui « n’ont plus leur place au Maroc ». « Notre pays reste ouvert selon les traditions de l’hospitalité », conclut-il en évoquant la population française désirant rester au royaume. Après la marocanisation de l’administration, suivra celle des terres, puis celle des entreprises (1971 à 1973). En 1971, 100 000 Français vivaient encore au Maroc.
« Une situation qui nécessite une prise en main de la population »
En mars 1965, des émeutes avaient éclaté à Casablanca suite à des grèves scolaires réagissant à une circulaire du ministère de l’Enseignement réduisant l’âge limite pour être admis au second cycle de l’enseignement secondaire. Ces manifestations ont été durement réprimées par le régime. A ce sujet, Hassan II assure que « la base de ces émeutes aurait pu être évitée » et ajoute que « le Maroc n’a jamais choisi la voie de la facilité et nous en payons les conséquences ». « Tout en revêtant un caractère détendu, ces émeutes ont été un élément révélateur d’une situation qui nécessite une prise en main de la population », analyse-t-il, deux ans après le début des « années de plomb », en argumentant la dureté de la réaction du makhzen vis-à-vis de ces « débordements ».
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