L’immobilier Addoha a adopté le 13 janvier un plan nommé Génération cash. Principal objectif : réduire l’énorme dette de l’entreprise. Un plan lancé en 2012 a permis de la baisser mais elle reste toujours très élevée : gearing (dette nette/fonds propres) de 83 % contre 96 % fin 2012. Ambitieux, le groupe prévoit que sa dette ne soit plus que de 33 % d’ici 2017.
Le communiqué évoque, entre autres, un recul des marges d’exploitation, qu’Addoha explique par une hausse des prix du foncier acquis, le poids des charges financières et une augmentation des coûts de construction.
Des clients en colère
Retard dans les livraisons des logements, dénonciation de corruption chez les commerciaux… le groupe fait l’objet de nombreuses critiques. Aussi bien dans le haut standing à travers sa filiale Prestigia que dans le logement économique, les clients vont jusqu’à s’organiser en association pour se défendre, comme à Bouskoura par exemple. Là, plusieurs propriétaires nous confient avoir dû réaliser des travaux seulement quelques semaines après la réception, pourtant en retard de plusieurs années.
Des critiques qui portent préjudice au groupe qui a des problèmes pour liquider ses stocks (16 000 unités actuellement). Le plan prévoit dorénavant d’attendre d’avoir fini de vendre une tranche avant de lancer la suivante.
Améliorer la gouvernance
Toujours pour résoudre les problèmes de trésorerie, le plan prévoit de réduire les créances, en fixant le délai client à quatre mois. Une mesure qui peut surprendre si l’on se base sur les témoignages des clients mécontents, qui regrettent de devoir verser des acomptes importants. Certains avouent retarder le paiement final lorsque les réserves émises sur le bien (différences constatées entre la maison témoin ou le plan et la réalité) ne sont pas levées.
Les dirigeants semblent aussi vouloir s’attaquer aux problèmes de gouvernance en « renforçant les pratiques de bonne gouvernance ». Plusieurs sources concordantes nous soutiennent que le groupe n’est en pratique dirigé que par un seul et même homme : Sefrioui. D’ailleurs, lors de nos rencontres avec des clients, plusieurs d’entre eux parlent de l’entreprise en employant « il » ou « cet homme ». Le communiqué évoque « l’ouverture du conseil d’administration à des administrateurs indépendants ». Aussi, l’entreprise prévoit plus de transparence en introduisant une « communication financière à fréquence trimestrielle ». Pourtant, le directeur général n’a pas souhaité répondre à nos questions.
Un plan qui n’a pas rassuré la bourse
Un manque de communication que ressentent aussi les clients. « Il est impossible de les avoir au bout du fil », nous raconte une nouvelle propriétaire qui préfère rester anonyme de peur « d’avoir encore plus de problèmes parce qu’on a l’impression que rien ne peut les arrêter». Si l’actuel directeur du complexe de Bouskoura Hassan Ghallab nous assure que le nombre de clients insatisfaits est en réalité minime, il concède que « le seul problème est la gestion de la communication ».
Le communiqué évoque une augmentation des dividendes. Mais cette mesure n’a pas suffit à rassurer les actionnaires puisque dès le lendemain de l’annonce du plan, le cours de l’action à la bourse de Casablanca a chuté de 10 %. En un an, le titre à perdu 42 % de sa valeur.
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