Tout ce qu'il faut savoir sur le plan gazier marocain

Abdelkader Amara a présenté, le 16 décembre, le plan national du gaz liquéfié qui devrait notamment permettre de réduire la dépendance énergétique du Maroc. Telquel.ma le décrypte en quatre questions.

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Abdelkader Amara
Abdelkader Amara, ministre de l'Energie et des mines. Crédit : Yassine Toumi

Le ministre de l’Energie et des Mines, Abdelkader Amara, a présenté, le 16 décembre à Rabat, sa feuille de route pour le plan national gazier. Ce plan, qui nécessite un financement  de 4,6 milliards de dollars (un peu plus de 40 milliards de dirhams), prévoit l’importation massive de gaz naturel liquéfié (GNL) au Maroc afin que le royaume réduise sa dépendance à d’autres ressources énergétiques et diversifie  ses méthodes de production d’électricité.

Qu’est-ce que le gaz naturel liquéfié ?

Le gaz naturel est l’une des ressources énergétiques fossiles  les moins polluantes malgré le rejet de dioxyde de carbone qu’entraine son exploitation. Il sert notamment à la production de chaleur (chauffages, fours)  ainsi que celle d’électricité. Le gaz naturel figurait, en 2010, au troisième rang du mix énergétique mondial et représentait 22% de l’offre globale d’énergie, selon l’entreprise pétrolière Total. Les premiers producteurs mondiaux de gaz naturel sont les Etats-Unis tandis que l’Algérie figure au dixième rang mondial des producteurs de cette énergie, selon le CIA World Factbook.

Le gaz naturel liquéfié est du gaz naturel refroidi à -160 degrés. Ce refroidissement réduit le volume du gaz naturel 600 fois et permet de le transformer, comme son nom l’indique, à l’état liquide. La réduction du volume du gaz naturel facilite son transport.

Pourquoi établir un plan gazier maintenant ?

L’un des principaux objectifs du plan gazier marocain est de « satisfaire la demande électrique nationale » selon Abdelkader Amara. En effet, la demande en énergie électrique devrait connaitre une augmentation annuelle de 6,1% entre 2014 et 2016 et pour y répondre, 70% du GNL importé servira à la production d’électricité. A terme,  le plan gazier a pour but de répondre à la hausse de la demande.

L’introduction du GNL permettra aussi au royaume de réduire sa dépendance énergétique vis-à-vis du pétrole qui représente près de 61% de la consommation énergétique du royaume.  Le GNL aura, selon les prévisions d’Amara, une part plus importante dans le mix énergétique du royaume et représentera 13% du mix énergétique du royaume en 2025.

Autre donnée à prendre en compte pour Abdelkader Amara, l’expiration, en novembre 2021, de la convention de transit du gaz algérien  à travers le gazoduc Maghreb-Europe. Ce gazoduc permet actuellement  l’exploitation de gaz naturel par le Maroc notamment dans les centrales à cycle combiné de Tahhadart et d’Ain Beni Mathar .

Quelles sont les principales étapes du plan ?

Le plan gazier sera mis en place à partir de janvier 2015. A partir de cette date,  le gouvernement entrera en contact avec les principaux fournisseurs de GNL pour établir des contrats portant sur la fourniture de gaz. Ces contrats représenteront un volume de trois à cinq milliards de mètres cube de gaz naturel non liquéfié.

Au niveau législatif, un « code gazier » sera conçu par le département d’Abdelkader Amara et passera par le circuit législatif – si tout va bien –  en  juin 2015. Entre septembre et novembre 2015 des conventions seront signées entre l’Etat, l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) et les partenaires marocains choisis pour définir les composantes du projet. L’ONEE, qui participera à la transformation du gaz en électricité, lancera un appel d’offre pour la construction et l’exploitation de centrales électriques fonctionnant au gaz (à cycle combiné).

Tout cela, pour que les premières centrales fonctionnant au gaz soient opérationnelles à l’horizon 2021, selon les projections du ministre.

Quel est le coût du plan gazier marocain ?

Les investissements nécessaires pour la mise en place du plan gazier sont estimés à 4,6 milliards de dollars par Abdelkader Amara.  Le Maroc compte sur des investisseurs privés ainsi que des institutions nationales et internationales pour  coopérer notamment avec l’ONEE afin d’assurer le montage financier du projet. Des contrats de concession sont prévus, ce qui signifie que les infrastructures seront exploitées par les investisseurs.

Quant aux infrastructures nécessaires, il faut compter sur une enveloppe de 2,4 milliards de dollars. Un terminal gazier sera construit à Jorf Lasfar et sa construction nécessitera 800 millions de dollars.  600 millions de dollars supplémentaires seront nécessaires pour la construction d’une jetée maritime capable d’accueillir les navires transportant du GNL.  Et 400 autres millions de dollars seront dévolus à la construction d’un espace de stockage. Enfin la construction d’un gazoduc permettant le transport du gaz nécessitera un investissement de 600 millions de dollars. Ce gazoduc aura une longueur d’environ 400 kilomètres et passera par Mohammedia et Kenitra.  Les 2,2 milliards de dollars restant seront consacrés à la construction des centrales de l’ONEE.

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