« Les rencontres responsabilité et performance » se tiendront les 16 et 17 décembre. Organisé par le cabinet de conseil en RSE Déclic et la Confédération générale des entreprises marocaines (CGEM), l’événement a pour but de vulgariser le concept de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) auprès des entreprises marocaines en invitant des sociétés qui ont déjà initié une démarche RSE. Bref, partage de bonnes pratiques et pédagogie par l’exemple rythmeront ces rencontres.
La RSE est la responsabilité d’une entreprise vis-à-vis de ses effets sur la société et l’environnement. La société doit donc respecter la législation en vigueur mais aussi dialoguer avec les « parties prenantes » pour intégrer dans sa politique des préoccupations sociales, environnementales, d’éthique, de droits de l’Homme, etc. Pour commencer, une entreprise choisit en général un ou plusieurs domaines dans lequel elle souhaite améliorer son impact : achats responsables, gouvernance plus transparente, parité etc. L’idée est de passer d’une stricte préoccupation des relations entre entreprise et clients à une prise en considération de l’ensemble des relations que possède l’entreprise.
Quels avantages pour l’entreprise ?
Les défenseurs de la RSE le martèlent, elle a un intérêt économique. Comme l’explique Radia Cheikh Lahlou, directrice associée de Déclic, « la RSE est un atout pour la durabilité de l’entreprise et une entreprise durable est une entreprise rentable ». Aussi, la RSE est un élément mobilisateur pour les salariés, c’est un levier de motivation qui permet de donner plus de sens à leur travail. Dans le cas particulier des entreprises marocaines, la RSE est importante pour attirer des investisseurs étrangers, européens notamment, « qui demandent qu’on se mette à niveau », explique Radia Cheikh Lahlou. Et inversement, pour les entreprises marocaines qui souhaitent s’implanter à l’étranger, c’est un atout supplémentaire. C’est en tout cas ce que prétend Kamal Fahmi, directeur des ressources humaines de Managem, qui assure que la démarche responsable du groupe minier lui a permis de s’implanter à l’international.
Qu’est-ce qui bloque ?
« La RSE c’est du changement, et le changement est toujours un peu compliqué à aborder », explique Radia Cheikh Lahlou, qui ne reçoit que des entreprises qui ont déjà fait la démarche de s’intéresser à la question. Autre frein : le manque d’informations. Par exemple, il n’existe aucune étude qui cartographie la RSE au Maroc. Et Radia Cheikh Lahlou le reconnaît, « on ne connaît pas le potentiel de la RSE ». En ce qui concerne les domaines, les entreprises marocaines sont en général friandes d’améliorer leur dialogue social mais ont plus de mal en ce qui concerne la parité ou l’emploi des personnes handicapées.
Et les PME alors ?
Une entreprise réellement responsable prend en compte son impact mais aussi celui de ses fournisseurs et de ses sous-traitants. Et là aussi la prise de conscience est difficile. « On avait du mal à leur faire comprendre », explique Rajae Tazi, chargée de mission à la CGEM dans la remise des labels RSE, en parlant des entreprises qui soumettent leur dossier pour être certifiées. « Nous lançons le processus de labellisation à Déclic et quand on va voir nos fournisseurs juste pour leur demander s’ils déclarent bien tous leurs employés à la CNSS, ils nous disent »bien sûr que non » », nous confie Radia Cheikh Lahlou. Ces PME, qui sont beaucoup plus loin des préoccupations RSE que les grands groupes, constituent pourtant le tissu économique du pays. Certaines grandes sociétés commencent à motiver leurs partenaires, c’est le cas par exemple de l’OCP, qui remet annuellement des trophées à ses fournisseurs les plus responsables.
Le cas particulier de l’insertion des personnes handicapées
Saïd Sekkat, président de la Commission RSE de la CGEM est catégorique : « Toutes les entreprises sont en retard dans le domaine du handicap ». Et il voit là tout le rôle de la RSE : « elle permet d’anticiper et c’est que je dis aux entreprises, il faut aller plus loin que la loi parce que de toutes façons les quotas arriveront… ». Mais comment initier une telle politique ? Pour lui, les entreprises peuvent déjà réaliser une cartographie des postes qui peuvent être attribués à des handicapés, et entrer ensuite en contact avec des associations en lien avec des personnes pour les recruter. Mais pour avoir réalisé des programmes d’insertion de personnes éloignées de l’emploi en général (mères célibataires, anciens détenus…), « l’emploi des personnes handicapées est encore plus problématique que toutes les autres populations parce que d’autres problèmes s’ajoutent, comme celui des transports par exemple », nous explique Saïd Sekkat.
Quelque chose derrière la com’ ?
On reproche souvent aux entreprises d’utiliser la RSE comme moyen de communication, c’est ce qu’on appelle le « greenwaching ». Et Radia Cheikh Lahlou nous l’avoue, « dans certaines démarches RSE il y a du cosmétique mais les démarches de stricts ‘greenwaching’ sont de moins en moins possibles, les parties prenantes le font savoir ». Elle fait par exemple référence aux ONG qui épinglent souvent de grandes multinationales lors de leurs campagnes de publicité. On pense par exemple à Green Peace qui avait parodié une vidéo de Dove pour critiquer son utilisation de l’huile de palme.
69 entreprises labellisées par la CGEM
Depuis 2007, la CGEM décerne un label RSE. Aujourd’hui, 69 entreprises sont labellisées. La certification est vérifiée régulièrement, et des entreprises l’ont déjà perdue. Si les patrons et Déclic nous assurent que le Maroc est l’un des pays les plus avancés du continent en matière de RSE, la présence d’un représentant du Conseil national du patronat du Sénégal (CNPS) à la conférence de presse organisée à l’occasion des rencontres nous le confirme. Après une visite de travail il y a quelques années, le CNPS a pris le label RSE de la CGEM comme modèle pour en instaurer un au Sénégal.
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