La chambre criminelle près du tribunal de première instance chargée des affaires de terrorisme de Rabat, a condamné à deux ans de prison ferme Abdelmalik El Makrini pour « apologie d’actes constituant un crime terroriste ». Celui-ci était accusé d’avoir « brandi le drapeau de Daech ». Des accusations que réfutent la famille et la défense de l’accusé qui affirment, photo à l’appui, que c’est le drapeau du tawhid que le jeune MRE (17 ans lors de son arrestation en août dernier) avait accroché sur le toit de la maison familiale près de Tétouan.
« El Makrini condamné sur la base d’une loi qui n’existe pas encore »
Me Mohamed Kotaya, l’avocat de Abdelmalik, nous confie qu’il« n’est pas surpris par le jugement, et avait préparé la famille à cette issue. » Remonté, il conteste d’abord la base légale sur laquelle Abdelmalik a été condamné. « Le juge a condamné mon client en se basant sur le projet de loi 86-14, qui criminalise le ralliement ou la tentative de ralliement des camps d’entraînement terroristes à l’étranger, mais qui n’a pas été promulguée », nous explique-t-il. Ce projet de loi modifie et complète les dispositions du Code pénal et de celui de procédure pénale sur la lutte contre le terrorisme : selon ces textes, la justice pourra sévir contre toutes les personnes intégrant ou souhaitant intégrer un groupe terroriste, même si les actes terroristes ne visent pas à porter préjudice au Maroc et à ses intérêts.
L’avocat revient également sur le déroulement de l’audience : « Le juge avait déjà sa sentence en tête en arrivant au tribunal et a même demandé à El Makrini pourquoi il avait brandi le drapeau de Daech alors que le PV de la police judiciaire indique que mon client avait brandi un drapeau »ressemblant à celui de Daech », et c’est là que réside la différence ». Et de préciser que « le procureur général [lui] a même concédé en aparté que le drapeau brandi par El Makrini n’était pas celui de Daech ».
Audience express
Contactée par Telquel.ma, Zakia El Makrini, l’une des sœurs ainées de l’accusé, présente lors du procès, raconte que l’avocat a montré au juge des « photos de manifestants à Rabat qui brandissaient le même drapeau que celui brandi par Abdelmalik ». Dans un statut publié sur la page Facebook Justice pour Abdelmalik, elle écrit : « Nous sommes choqués, 15 minutes pour délibérer sur 10 personnes, pas mal de vies gâchées en 10 minutes chrono… ».
Car lors de cette même audience, ce sont 12 autres personnes au total, également poursuivies dans des « affaires de terrorisme », qui ont été condamnées, selon l’agence MAP. Parmi elles, un accusé qui avait « rejoint l’organisation de l’État islamique pour participer au jihad » a été condamné à quatre ans de prison. Il était poursuivi, entre autres, pour « constitution d’une bande dans le but de préparer et de commettre des actes terroristes dans le cadre d’un projet collectif ». Les autres peines prononcées vont de deux à quatre ans de prison ferme, pour des motifs similaires.
Suite à ce jugement, la défense va faire appel dans les prochains jours et assure de « l’innocence » d’El Makrini.
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